Dans la série de rencontres avec les citoyens et citoyennes d’origine haïtienne évoluant à l’étranger, « Diasporama » vous présente un fier et digne fils d’Haïti résidant en Europe, Mackendie Toupuissant.
Né à Port-au-Prince, Haiti, en 1974, l’actuel président de la « Plateforme d’Associations Franco-Haïtiennes (PAFHA) », vit sur la terre du général Charles de Gaulle
depuis près de trente (30). Il arriva sur le territoire français à
l’âge de 8 ans et demi. Ayant fait toute sa scolarité en France, de A à
Z, jusqu’au Brevet de Technicien Supérieur en Informatique de Gestion de
l’Ecole Nationale de Commerce de Paris-Bessières , il est détenteur d’un baccalauréat en Comptabilité-Gestion.
M. Toupuissant, militant actif, très impliqué et intégré dans la communauté où il réside dès son arrivée dans l’hexagone en 1982, est conseiller municipal à Pantin,
une commune de 53 000 habitants. Il est également devenu conseiller
communautaire d’un regroupement de 9 villes représentant 400 000
habitants, depuis Janvier 2010.
Auparavant acteur dans le secteur socioculturel et animateur auprès des jeunes,
il est un homme discret malgré ses fonctions publics, il est très
pragmatique et lucide sur la réalité du monde. Il aime les gens et
essaie de tenir de bonnes relations avec son entourage.
Mackendie Toupuissant est fondateur de ‘’Embarquons pour Haïti’’, une
association destinée à venir en aide aux moins nantis d’Haïti, il nous
parlera de sa relation avec la communauté haïtienne de France et plus
particulièrement dans la région parisienne, plus connue sous le nom d’Ile-de-France.
Il revient souvent au pays natal depuis deux ans, en raison de la catastrophe du 12 Janvier 2010,… « …
j’ai l’occasion grâce à la PAFHA de revenir plus régulièrement, pas
autant que je l’aurai souhaité, mais je me contente de cette possibilité
de venir en mission de terrain …(…)…Je trouve Haïti en déshérence, j’ai
le sentiment d’un gâchis conscient et je rêve d’un sursaut national
pour changer radicalement
cette descente abyssale… », dixit M. Toupuissant, qui était de passage
en Haïti, à l’occasion de la « Semaine de la Diaspora », organisée par
le Ministère des Haïtiens Vivant à l’Etranger, du 16 au 22 Avril 2012.
M. Toupuissant vous dira tout sur sa vie publique et privée,
dans la république française et désormais en Haïti, au cour de cette
interview exclusive, qu’il a eu l’amabilité d’accorder à la chronique DIASPORAMA de « CANAL+HAITI : l’Agence Haïtienne de Nouvelles », www.canalplushaiti.net …
D.- Monsieur Mackendie Toupuissant,
nous savons maintenant que vous faites la navette entre Haïti et la
France, mais dites-nous, depuis quand avez-vous laissé Haïti pour vous
établir chez les français?
M.T.- J’ai quitté Haïti en décembre 1982 à l’âge de 8 ½ ans
pour rejoindre mon père établi en France avant son premier passage en
Italie. Donc j’aurai bientôt en décembre 2012, 30 ans sur le territoire
français.
D.- Pour quels motifs avez-vous laissé Haïti ?
MT.- J’ai bénéficié du regroupement familial plus favorable à
l’époque que maintenant, j’étais aussi un peu malade, c’était plutôt une
maladie non naturelle, comme il peut en exister en Haïti.
D.- Dans quelle(s) condition(s) avez-vous laissé votre pays ?
M.T.- Comme je le disais, mon père m’a récupéré pour
m’éviter de perdre la vie inutilement par la méchanceté de quelqu’un,
d’ailleurs cette personne m’a rendu service, sinon je ne sais pas ce que
je serai devenu.
D.- Parlez-nous un peu de vos activités, professionnelles, sociales ou universitaires ?
M.T.- Tout d’abord, j’ai une formation de technicien
supérieur en Informatique de Gestion de l’Ecole Nationale de Commerce
de Paris-Bessières après avoir obtenu mon baccalauréat en
Comptabilité-Gestion. Ensuite j’ai travaillé comme Analyste Programmeur
puis comme Analyste Réalisateur pendant 6 ans pour de grandes banques et
assurances à Paris comme Le Crédit Lyonnais, la Société Générale, la CIC, AGF…
Depuis 1995 à l’âge de 21 ans, je suis devenu conseiller
municipal à Pantin 53 000 habitants, c’est la commune ou je réside
depuis mon arrivée en France en 1982. Je suis toujours conseiller
municipal et devenu conseiller communautaire en Janvier 2010,
regroupement de 9 villes représentant 400 000 habitants.
Je suis très impliqué et militant actif, responsable
départemental de mon organisation politique. Je me suis présenté sous
mon nom aux élections pour être conseiller départemental – 1,2 millions
d’habitants, que j’ai malheureusement perdu, je suis arrivé 2nd.
Militant associatif de longue date en commençant par une
association de jeunes dans le quartier ou j’ai grandi. Puis en 2004,
j’ai créé ‘’Embarquons pour Haïti’’ qui a intégré la PAFHA – Plateforme
d’Associations Franco-Haïtiennes et je suis devenu président de la PAFHA
en 2007 jusqu’à nos jours.
Enfin, très porté sur la question politique je suis conseiller ou collaborateur politique depuis 2006.
Je suis un homme de terrain.
D.- Quels pays avez-vous visité avant de vous établir définitivement en France?
M.T.- Je me suis établi directement en France avec mon père.
D.- Quelle relation développez-vous avec la communauté haïtienne de Pantin?
M.T.- J’ai plutôt une relation plus large avec la communauté haïtienne de France
et plus particulièrement dans la région parisienne dit Région
Ile-de-France. C’est là ou se trouve une grande majorité de la
communauté. A travers ma présidence de la PAFHA, j’essaie avec l’équipe
de faire au mieux, mettre en lumière les activités de la communauté et
plus particulièrement ceux des membres. Nous mettons l’accent aussi sur
la formation en conduite de projet, élément essentiel pour réussir son
projet. Après le 12 janvier, j’ai été notamment, par ma plus grande
disponibilité, mobilisé pour porter la parole d’une partie de la
communauté haïtienne de France. Mon expérience d’homme public à travers
mes activités politiques et associatives m’a beaucoup aidé.
D.- Existe-t-il des associations pouvant défendre les intérêts des haïtiens là où vous résidez?
M.T.- Oui, bien sûr, la PAFHA, en tant que fédération en fait partie, en plus d’autres membres qui la composent.
D.- Qu’est-ce que vous appréciez chez les français et que vous aimeriez retrouver chez les haïtiens ?
M.T.- Les Français et plus largement les Occidentaux sont
plus organisés, plus respectueux des règles établies et souvent
pragmatiques.
D.- Quels genres de difficultés rencontrez-vous dans l’Hexagone ?
M.T.- Personnellement, je n’ai aucune difficulté, car je
me suis bien intégré dans le pays d’accueil dont je suis devenu un
citoyen puis un élu. Bien évidemment rien n’est facile et il faut se
battre au quotidien. Et comme je suis un militant et un battant,
j’avance.
En revanche, certains compatriotes sont dans des
problématiques très difficiles, papier avec autorisation de travail,
éducation, travail, logement. Mais nous sommes aussi dans une époque
difficile et beaucoup de migrants souffrent sur le territoire français.
D.- En ce moment, comment sont vos rapports avec « Haïti-Chérie » ?
M.T.- Depuis deux ans, après ce drame du 12 Janvier, j’ai
l’occasion grâce à la PAFHA de revenir plus régulièrement, pas autant
que je l’aurai souhaité mais je me contente de cette possibilité de
venir en mission de terrain pour faire avancer nos projets.
Je trouve Haïti en déshérence, j’ai le sentiment d’un gâchis conscient et je rêve d’un sursaut national pour changer radicalement cette descente abyssale.
D.- Quels genres de support apportez-vous, actuellement, à votre pays d’origine ?
M.T.- A travers la PAFHA, nous mettons en place un
programme de formation aux porteurs de projets en relation avec leur
partenaire en France et vise versa. Ce programme de formation est un
franc succès soutenu financièrement par la Fondation de France. Voir
notre site internet www.pafha.fr
D.- Aimeriez-vous retourner vivre définitivement en Haïti ? Si oui, sous quelles conditions ? Sinon pourquoi ?
M.T.- Oui, j’ai hâte de retourner vivre en Haïti, mais je
dois le préparer en famille, trois points importants pour ce retour 1-
un bon système éducatif 2- la sécurité 3- la santé.
D.- Parlez-nous de vos bons et mauvais souvenirs d’Haïti ?
MT.- Pour les mauvais souvenirs, j’en ai peu car je suis
parti très jeune et même lorsque j’étais malade je n’avais pas
conscience de ce qui m’arrivait, c’est après que l’on m’a raconté tout
cela.
Pour les bons souvenirs, c’est à chaque voyage en Haïti,
car quand je viens, je me comporte et circule comme si j’étais ailleurs,
je me sens libre. Et lorsque je visite la province c’est un grand
bonheur.
Et puis, j’ai encore une grande partie de ma famille ici, notamment ma mère et des frères et sœurs.
D. Quels sont vos espoirs pour la jeunesse haïtienne d’Haïti?
M.T.- Il faut que la jeunesse soit mieux formée surtout en formation professionnelle.
Il faut aussi qu’elle soit mieux organisée en association, en syndicat et dans les partis politiques.
M.T.- Qu’elle soit mieux informée des opportunités d’emploi pour aider Haïti, qu’elle garde l’envie d’aider ce beau pays.
D.- Quels conseils donneriez-vous à la diaspora haïtienne concernant son pays d’origine ?
M.T.- La diaspora est un
élément important pour l’avenir d’un pays comme Haïti. Il faut malgré un
contexte difficile ne pas baisser les bras et pousser les responsables
politique à prendre le bon chemin de la démocratie et de la
‘’construction-reconstruction’’.
D.- Que pensez-vous de la présence de la Minustah en Haïti ?
M.T.- C’est une présence dissuasive pour
empêcher des débordements, car Haïti n’est pas capable de gérer un
nouveau conflit militaire. Je ne suis pas persuadé que ce nombre
important de militaires soit nécessaire. Par contre, elle peut être plus
technique car le génie civil militaire est performant.
D.- Devrait-on remobiliser et réhabiliter les FADH ? Pourquoi ?
M.T.- Pas d’avis particulier mais je pense tout
de même qu’il faut une force de Gendarmerie (comme en France) ou de
Guadia Civil (comme en Espagne) pour maintenir l’ordre dans certaines
zones voir aux frontières terrestres et maritimes.
D.- Les haïtiens devraient-ils rester indéfiniment sous la coupe de la communauté Internationale ?
M.T.- La question est plutôt, quand Haïti sortira-t-elle de cette tutelle internationale ?
L’autodétermination d’une nation est essentielle pour son
développement, pour préserver sa culture et son patrimoine. Haïti est
trop influencé par l’extérieur même par sa diaspora, exemple : nos
compatriotes qui vivent sur le bloc nord américain mènent une influence
importante, consciente ou inconsciente sur le territoire d’Haïti.
Beaucoup d’hommes et de femmes politiques haïtiens ne jurent que par les
E-U, c’est une force supplémentaire pour les américains pour influencer
la politique interne, rappelez-vous la polémique sur la menace de
suspension de visa pour certains dirigeants, c’était scandaleux comme
situation !
D.- Mackendie Toupuissant, avez-vous réalisé le rêve de votre vie ?
M.T.- Non pas encore, mais je m’en rapproche, mais un rêve doit-il se réaliser ?
D.- M. Toupuissant … le mot de la fin ?
M.T.- Le meilleur pour Haïti et pour tous les haïtiens d’ici ou d’ailleurs !
Il faut apaiser le climat et permettre à chaque individu
de s’épanouir, car dans certaine zone la misère est absolue au regard du
potentiel d’Haïti.
D.- Mackendie Toupuissant,
CANAL+HAITI et ‘Diasporama’ vous remercient pour votre support dans
le cadre du Mouvement de la Reconstruction d’Haïti, de la liberté
d’expression et de la liberté de la presse.
M.T.- Merci de cette initiative pour permettre de mieux
cibler nos ressources disponibles et surtout de savoir ce que fait
chacun. Bravo à vous, Diasporama et CANAL+HAITI !
Propos recueillis par Andy Limontas pour la Chronique « Diasporama »
de l’Agence Haïtienne de Nouvelles. Tous droits réservés
Copyright@CANAL+HAITI, Mai 2012
Written by:canalplushaiti
Written on:mai 27, 2012
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