lundi 28 janvier 2013

Haïti/Diasporama: M. Mackendie Toupuissant, Président de la PAFHA, en exclusivité sur Diasporama.


Dans la série de rencontres avec les citoyens et citoyennes d’origine haïtienne évoluant à l’étranger, « Diasporama » vous présente un fier et digne fils d’Haïti résidant en Europe, Mackendie Toupuissant.

Né à Port-au-Prince, Haiti, en 1974, l’actuel  président de la « Plateforme d’Associations Franco-Haïtiennes (PAFHA) », vit sur la terre du général Charles de Gaulle depuis près de trente (30). Il arriva sur le territoire français à l’âge de 8 ans et demi. Ayant fait toute sa scolarité en France, de A à Z, jusqu’au Brevet de Technicien Supérieur en Informatique de Gestion de l’Ecole Nationale de Commerce de Paris-Bessières , il est détenteur d’un baccalauréat en Comptabilité-Gestion.

M. Toupuissant, militant actif,  très  impliqué et intégré dans la communauté où il réside dès son arrivée dans l’hexagone en 1982, est conseiller municipal à Pantin, une commune de 53 000 habitants. Il est également devenu conseiller communautaire d’un regroupement de 9 villes représentant 400 000 habitants, depuis Janvier 2010.

 Auparavant acteur dans le secteur socioculturel et animateur auprès des jeunes, il est un homme discret malgré ses fonctions publics, il est très pragmatique et lucide sur la réalité du monde. Il aime les gens et essaie de tenir de bonnes relations avec son entourage.

Mackendie Toupuissant est fondateur de ‘’Embarquons pour Haïti’’, une association destinée à venir en aide aux moins nantis d’Haïti, il nous parlera de sa relation avec la communauté haïtienne de France et plus particulièrement dans la région parisienne, plus connue sous le nom d’Ile-de-France.

Il revient souvent au pays natal depuis deux ans, en raison de la catastrophe du 12 Janvier 2010,… « … j’ai l’occasion grâce à la PAFHA de revenir plus régulièrement, pas autant que je l’aurai souhaité, mais je me contente de cette possibilité de venir en mission de terrain …(…)…Je trouve Haïti en déshérence, j’ai le sentiment d’un gâchis conscient et je rêve d’un sursaut national pour changer radicalement cette descente abyssale… », dixit M. Toupuissant, qui était de passage en Haïti, à l’occasion de la « Semaine de la Diaspora », organisée par le Ministère des Haïtiens Vivant à l’Etranger, du 16 au 22 Avril 2012.

M. Toupuissant vous dira tout sur sa vie publique et privée, dans la république française et désormais en Haïti, au cour de cette interview exclusive, qu’il a eu l’amabilité d’accorder à la chronique DIASPORAMA de « CANAL+HAITI : l’Agence Haïtienne de Nouvelles », www.canalplushaiti.net …

Suivons-le attentivement :
                                                                                                       
D.- Monsieur Mackendie Toupuissant, nous savons maintenant que vous faites la navette entre Haïti et la France, mais dites-nous, depuis quand avez-vous laissé Haïti pour vous établir chez les français?

M.T.- J’ai quitté Haïti en décembre 1982 à l’âge de 8 ½ ans pour rejoindre mon père établi en France avant son premier passage en Italie. Donc j’aurai bientôt en décembre 2012, 30 ans sur le territoire français.


D.- Pour quels motifs avez-vous laissé Haïti ?

MT.- J’ai bénéficié du regroupement familial plus favorable à l’époque que maintenant, j’étais aussi un peu malade, c’était plutôt une maladie non naturelle, comme il peut en exister en Haïti.


D.- Dans quelle(s) condition(s) avez-vous laissé votre pays ?

M.T.- Comme je le disais, mon père m’a récupéré pour m’éviter de perdre la vie inutilement par la méchanceté de quelqu’un, d’ailleurs cette personne m’a rendu service, sinon je ne sais pas ce que je serai devenu.


D.- Parlez-nous un peu de vos activités, professionnelles, sociales ou universitaires ?

M.T.- Tout d’abord, j’ai une formation de technicien supérieur en Informatique de Gestion  de l’Ecole Nationale de Commerce de Paris-Bessières après avoir obtenu mon baccalauréat en Comptabilité-Gestion. Ensuite j’ai travaillé comme Analyste Programmeur puis comme Analyste Réalisateur pendant 6 ans pour de grandes banques et assurances à Paris comme Le Crédit Lyonnais, la Société Générale, la CIC, AGF…

Depuis 1995 à l’âge de 21 ans, je suis devenu conseiller municipal à Pantin 53 000 habitants, c’est la commune ou je réside depuis mon arrivée en France en 1982. Je suis toujours conseiller municipal et devenu conseiller communautaire en Janvier 2010, regroupement de 9 villes représentant 400 000 habitants.

Je suis très impliqué et militant actif, responsable départemental de mon organisation politique. Je me suis présenté sous mon nom aux élections pour être conseiller départemental – 1,2 millions d’habitants, que j’ai malheureusement perdu, je suis arrivé 2nd.

Militant associatif de longue date en commençant par une association de jeunes dans le quartier ou j’ai grandi. Puis en 2004, j’ai créé ‘’Embarquons pour Haïti’’ qui a intégré la PAFHA – Plateforme d’Associations Franco-Haïtiennes et je suis devenu président de la PAFHA en 2007 jusqu’à nos jours.

Enfin, très porté sur la question politique je suis conseiller ou collaborateur politique depuis 2006.

Je suis un homme de terrain.


D.- Quels pays avez-vous visité avant de vous établir définitivement en France?

M.T.- Je me suis établi directement en France avec mon père.


D.- Quelle relation développez-vous avec  la communauté haïtienne de Pantin?

M.T.- J’ai plutôt une relation plus large avec la communauté haïtienne de France et plus particulièrement dans la région parisienne dit Région Ile-de-France. C’est là ou se trouve une grande majorité de la communauté. A travers ma présidence de la PAFHA, j’essaie avec l’équipe de faire au mieux, mettre en lumière les activités de la communauté et plus particulièrement ceux des membres. Nous mettons l’accent aussi sur la formation en conduite de projet, élément essentiel pour réussir son projet. Après le 12 janvier, j’ai été notamment, par ma plus grande disponibilité, mobilisé pour porter la parole d’une partie de la communauté haïtienne de France. Mon expérience d’homme public à travers mes activités politiques et associatives m’a  beaucoup aidé.


D.- Existe-t-il des associations pouvant défendre les intérêts des haïtiens là où vous résidez?

M.T.- Oui, bien sûr, la PAFHA, en tant que fédération en fait partie, en plus d’autres membres qui la composent.


D.- Qu’est-ce que vous appréciez chez les français et que vous aimeriez retrouver  chez les haïtiens ?

M.T.- Les Français et plus largement les Occidentaux sont plus organisés, plus respectueux des règles établies et souvent pragmatiques.


D.- Quels genres de difficultés rencontrez-vous dans l’Hexagone ?

M.T.- Personnellement, je n’ai aucune difficulté, car je me suis bien intégré dans le pays d’accueil dont je suis devenu un citoyen puis un élu. Bien évidemment rien n’est facile et il faut se battre au quotidien. Et comme je suis un militant et un battant, j’avance.

En revanche, certains compatriotes sont dans des problématiques très difficiles, papier avec autorisation de travail, éducation, travail, logement. Mais nous sommes aussi dans une époque difficile et beaucoup de migrants souffrent sur le territoire français.


D.- En ce moment, comment sont vos rapports avec « Haïti-Chérie » ?

M.T.- Depuis deux ans, après ce drame du 12 Janvier, j’ai l’occasion grâce à la PAFHA de revenir plus régulièrement, pas autant que je l’aurai souhaité mais je me contente de cette possibilité de venir en mission de terrain pour faire avancer nos projets.

Je trouve Haïti en déshérence, j’ai le sentiment d’un gâchis conscient et je rêve d’un sursaut national pour changer radicalement cette descente abyssale.

D.- Quels genres de support apportez-vous,  actuellement, à votre pays d’origine ?

M.T.- A travers la PAFHA, nous mettons en place un programme de formation aux porteurs de projets en relation avec leur partenaire en France et vise versa. Ce programme de formation est un franc succès soutenu financièrement par la Fondation de France. Voir notre site internet www.pafha.fr


D.- Aimeriez-vous retourner vivre définitivement en Haïti ? Si oui, sous quelles conditions ? Sinon pourquoi ?

M.T.- Oui, j’ai hâte de retourner vivre en Haïti, mais je dois le préparer en famille, trois points importants pour ce retour 1- un bon système éducatif 2- la sécurité 3- la santé.


D.- Parlez-nous de vos bons et mauvais souvenirs d’Haïti ?

MT.- Pour les mauvais souvenirs, j’en ai peu car je suis parti très jeune et même lorsque j’étais malade je n’avais pas conscience de ce qui m’arrivait, c’est après que l’on m’a raconté tout cela.
Pour les bons souvenirs, c’est à chaque voyage en Haïti, car quand je viens, je me comporte et circule comme si j’étais ailleurs, je me sens libre. Et lorsque je visite la province c’est un grand bonheur.
Et puis, j’ai encore une grande partie de ma famille ici, notamment ma mère et des frères et sœurs.


D. Quels sont vos espoirs pour la jeunesse haïtienne  d’Haïti?

M.T.- Il faut que la jeunesse soit mieux formée surtout en formation professionnelle.

Il faut aussi qu’elle soit mieux organisée en association, en syndicat et dans les partis politiques.


M.T.- Qu’elle soit mieux informée des opportunités d’emploi pour aider Haïti, qu’elle garde l’envie d’aider ce beau pays.


D.- Quels conseils donneriez-vous à la diaspora haïtienne concernant son pays d’origine ?

 M.T.- La diaspora est un élément important pour l’avenir d’un pays comme Haïti. Il faut malgré un contexte difficile ne pas baisser les bras et pousser les responsables politique à prendre le bon chemin de la démocratie et de la ‘’construction-reconstruction’’.


D.- Que pensez-vous de la présence de la Minustah en Haïti ?

M.T.- C’est une présence dissuasive pour empêcher des débordements, car Haïti n’est pas capable de gérer un nouveau conflit militaire. Je ne suis pas persuadé que ce nombre important de militaires soit nécessaire. Par contre, elle peut être plus technique car le génie civil militaire est performant.


D.- Devrait-on remobiliser et réhabiliter les FADH ? Pourquoi ?
M.T.- Pas d’avis particulier mais je pense tout de même qu’il faut une force de Gendarmerie (comme en France) ou de Guadia Civil (comme en Espagne) pour maintenir l’ordre dans certaines zones voir aux frontières terrestres et maritimes.

D.- Les haïtiens devraient-ils rester indéfiniment sous la coupe de la communauté Internationale ?

M.T.- La question est plutôt, quand Haïti sortira-t-elle de cette tutelle internationale ?
L’autodétermination d’une nation est essentielle pour son développement, pour préserver sa culture et son patrimoine. Haïti est trop influencé par l’extérieur même par sa diaspora, exemple : nos compatriotes qui vivent sur le bloc nord américain mènent une influence importante, consciente ou inconsciente sur le territoire d’Haïti. Beaucoup d’hommes et de femmes politiques haïtiens ne jurent que par les E-U, c’est une force supplémentaire pour les américains pour influencer la politique interne, rappelez-vous la polémique sur la menace de suspension de visa pour certains dirigeants, c’était scandaleux comme situation !


D.- Mackendie Toupuissant, avez-vous réalisé le rêve de votre vie ?

M.T.- Non pas encore, mais je m’en rapproche, mais un rêve doit-il se réaliser ? 


D.- M.  Toupuissant …  le mot de la fin ?

M.T.- Le meilleur pour Haïti et pour tous les haïtiens d’ici ou d’ailleurs !
Il faut apaiser le climat et permettre à chaque individu de s’épanouir, car dans certaine zone la misère est absolue au regard du potentiel d’Haïti.


D.- Mackendie Toupuissant, CANAL+HAITI et ‘Diasporama’  vous remercient pour  votre support dans le cadre du Mouvement de la Reconstruction d’Haïti, de la liberté d’expression et de la liberté de la presse.

M.T.- Merci de cette initiative pour permettre de mieux cibler nos ressources disponibles et surtout de savoir ce que fait chacun. Bravo à vous, Diasporama et CANAL+HAITI !



Propos recueillis par Andy  Limontas pour la Chronique « Diasporama » de l’Agence Haïtienne de Nouvelles. Tous droits réservés Copyright@CANAL+HAITI, Mai 2012




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Written on:mai 27, 2012

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