lundi 21 janvier 2013

Interview de Keren Frederick, vice Présidente de BYHALEC (Banm Dwam Young Haitian Leaders’ Council).

Née à Port au Prince, un 23 aout et ayant une affection incommensurable pour St Marc, la ville de son enfance, là où elle fit ses études primaires et une partie de ses classes secondaires (Ecole Mère St Alvire), Keren Frederick rentra à la capitale haïtienne pour boucler ses études classiques, d’abord au Collège mixte Lamartiniere, ensuite au collège St Louis de Bourdon. Elle n’avait que 21 ans quand elle laissa sa chère terre natale pour vivre, malgré elle, sous d’autres cieux.

Actuellement, elle étudie le « Physician Assistant » aux USA. Elle est la vice-présidente d’une organisation communautaire juvénile aux Etats-Unis d’Amérique, BYHALEC (Banm Dwam Young Haitian Leaders’ Council). Naturellement douée, Keren Frederick, est attirée par les professions ayant rapport à la politique, la vie publique, la médecine, les recherches, la gestion, et toutes les activités connexes qui lui offriraient une chance de briller dans la vie. Elle n’a qu’un verbe en tête, anglais, créole ou français : « Succeed /Siksè/ Réussir».
Elle est très impliquée et motivée dans tous les mouvements de jeunesse de sa communauté : « Je suis très attachée avec la communauté haïtienne de Miami, qui donc ma communauté à moi… J’ai eu le temps de connaitre leurs besoins, leurs revendications à travers différents programmes… ». Elle vit à 150 Kilomètres des cotes de son pays, et pourtant, Haïti est dans sa peau, sa chair et son sang : « Mes yeux sont rivés sur Haïti, c’est comme si je vivais là-bas ».

Concernant la présence de la « Minustah » en Haïti, elle éprouve un ras-le-bol : « Cela me gêne infiniment. Nous sommes un peuple INDEPENDANT »…(…) «… kot sa pou nou menm ayisyen paka jere la a…? ». En ce qui a trait aux revendications des jeunes de son âge, elle se positionne en leader et on sent un sentiment de révolte, apparenté à une fureur de vivre dignement et elle s’exprime sans ambages sur ce point, la sensation d’incompréhension de la part des ainés et faux-leader est évidente: « …car on ne nous a jamais écouté, personne ne sait ce que nous sentons, ce que nous voulons en tant que jeunes. Je veux faire de nous, une jeunesse fière d’elle-même… »

Jeune femme de caractère, Keren Frederick est une politique confirmée : «…Le rêve de ma vie, c’est d’unir tous les haïtiens sans distinction…(……un monde d’amour fraternel…d’arriver au parlement, d’éliminer tous les petits clans, un parlement unanime qui voit pays d’abord ; de rentrer au palais national, d’avoir la capacité de parler au président, le faire changer d’attitude, s’il en a une mauvaise… de voir un pays ‘PERLE DES ANTILLES’…».

En guise de cadeau de noel, Diasporama vous offre en exclusivité, l’une des valeures sures de la nouvelle Haïti, en direct de Miami, la vice-présidente de «BYHALEC (Banm Dwam Young Haitian Leaders’ Council) »,…


 Keren Frederick… ENTRETIEN…
D.- Madame Keren Frederick, depuis quand avez-vous laissé Haïti?

KF.- J’ai laissé mon pays depuis Décembre 2006


D.- Pour quelle(s) raison(s) avez-vous laissé Haïti ?

KF.- Le climat sécuritaire n’était pas propice, j’ai du rentrer aux USA pour continuer avec mes études.


D.- Dans quelle(s) condition(s) avez-vous laissé votre pays ?

KF.- Pour mes études universitaires.


D.- Pouvez-vous nous parler de vos activités professionnelles ou universitaires?

KF.- J’ai participé à beaucoup d’activités estudiantines à Miami Dade College, comme l’Amendment 8, un fond pour réhabiliter les campus ; le Dream Act qui devait bénéficier les adolescents sans papier, les facilitant à s’inscrire au collège après les classes secondaires. Je suis aussi membre de FNM, Florida New Majority, une organisation qui plaide en faveur des opprimés. Enfin, je suis l’actuelle vice-présidente de BYHALEC, qui est le conseil des jeunes haïtiens de Banm Dwam ; le chef de fil d’un Facebook group, l’ONPH, Oganize nou pou Haïti qui compte actuellement près de 8000 membres.

D.- Quels pays avez-vous visité avant de vous établir définitivement aux USA?

KF.- Aucun


D.- Quelle relation développez-vous avec la communauté haïtienne de Miami?

KF.-Je suis très attachée avec la communauté haïtienne de Miami, qui donc ma communauté à moi… J’ai eu le temps de connaitre leurs besoins, leurs revendications à travers différents programmes organisés par Florida New Majority. J’ai pu remarquer qu’il n’y a pas de nation plus sympa que nous.


D.- Existe-t-il des associations pouvant défendre les intérêts des haïtiens là où vous êtes ?

KF.- Différentes associations sont là pour défendre les intérêts de toutes nations. Par exemple Florida New Majority, c’est une organisation espagnole qui nous aide quelque part. Il y a Banm Dwam International, l’organisation dont je fais partie, purement haïtienne qui aide des haïtiens de partout à travers le monde, qui a même des projets pour Haïti.


D.- Qu’est-ce que vous aimez chez les américains et que vous aimeriez retrouver chez les haïtiens?

KF.- Les Américains aiment à apprécier, ils aiment encadrer les jeunes surtout. Ce que l’on ne trouve pas chez les haïtiens. Au contraire nos propres frères nous détruisent…le plus souvent sans causes.


D.-  En ce moment, comment sont vos rapports avec « Haïti-Chérie » ?

KF.- Mes yeux sont rivés sur Haïti, c’est comme si je vivais là-bas. Je suis très connectée avec les nouvelles, surtout, « Caraïbes FM », « Signal FM », « Métropole », « Kiskeya » et « Le Nouvelliste » sont mes favoris… J’aime le social, la politique, j’aime parler de mon pays, j’aime défendre Haïti. Haïti vit en moi.


D.-  Quels genres de support apportez-vous, actuellement, à la Patrie-Mère ?

KF.- J’aide à mon niveau des enfants à payer leurs frais scolaires, j’apporte aussi mon support moral à certains jeunes qui en avaient marre de la vie juvénile.


D.-  Aimeriez-vous retourner vivre définitivement en Haïti ? Si oui, sous quelles conditions ?

KF.- Définitivement, Haïti est ma terre natale, tout ce que je compte faire en termes de développement, je vois Haïti.


D.-  Parlez-nous de vos bons et mauvais souvenirs d’Haïti ?

KF.- J’ai laissé Haïti quand j’avais 21 ans, de très mauvais souvenirs c’est la période 2004. Une partie de ma famille vivait à La-scierie (St Marc), une autre partie à Nazon(Port-au-Prince), je ne veux même pas en parler, vous avez déjà une idée. De bons souvenirs… jouer au foot avec les gens de mon quartier, dans des championnats de vacances…. Tout ce qui m’avait permis de participer au championnat national de 1ere division avec le club « Amazone ».


D.-  Quels sont vos espoirs pour la jeunesse haïtienne d’Haïti?

KF.- Les intégrer dans la société, je ne parle pas de réintégration car on ne nous a jamais écouté, personne ne sait ce que nous sentons, ce que nous voulons en tant que jeunes. Je veux faire de nous, une jeunesse fière d’elle-même qui sait et qui n’a pas peur de s’exprimer. Une jeunesse « Soldat », prête à tout

D.-  Quels conseils donneriez-vous à la diaspora haïtienne concernant son pays d’origine ?

KF.- De ne jamais oublier sa terre natale, sa langue, sa culture, ses frères et sœurs qui souffrent péniblement.


D.-  Qu’entendez-vous par aide au développement durable ?

KF.- Ce ne sont pas les sachets d’eau qu’on nous donne mais des compagnies comme la CAMEP, ce ne sont pas des foires de santé qui nous arrivent par l’intermédiaire des « blancs » ou des églises protestantes mais des cliniques communautaire. On nous ridiculise trop avec cette question d’aide…qui ne fait que salir notre réputation en tant que peuple.


D.- Pouvez-vous faire le distinguo entre « aide pour le développement durable » et « aide humanitaire » ; laquelle de ces problématiques choisiriez-vous pour Haïti et pourquoi?

KF.- L’aide humanitaire est pour un moment bien déterminé, en cas de catastrophes naturelles. Cette dernière est contre-productive. Elle nous rend paresseux, elle nous met dans une situation à attendre l’international, les ONG. Tout est à leur bénéfice. L’aide pour le développement durable nécessite beaucoup plus, elle n’est pas temporaire. Cela demande beaucoup plus d’argent. Oui Haïti a besoin de l’aide des pays riches. Tout le monde sait que nous ne pouvons pas en sortir seul. Nous avons besoins non pas de l’aide humanitaire mais de l’aide au développement durable.


D.-  Que pensez-vous de la présence de la Minustah en Haïti ?

KF.- Cela me gêne infiniment. Nous sommes un peuple INDEPENDANT. Nous sommes le plus beau peuple au monde, nous savons écouter quand les dirigeants nous écoutent. Nous ne sommes pas des cannibales, des tueurs, des kidnappeurs, non. Ce sont des qualificatifs importés. Haïti est un petit pays, « kot sa pou nou menm ayisyen paka jere la a ? » Prenons le risque de chasser la Minustah, et voyons voir…

D.-  Devrait-on remobiliser et réhabiliter les FADH ? Pourquoi ?

KF.- Selon moi, remobiliser serait mieux. Il faut penser jeune. Une armée réhabilitée, on voit l’expérience oui mais, cette expérience peut aider à la remobiliser. Les grands seront là pour entrainer les jeunes.


D.-  Les haïtiens devraient-ils rester indéfiniment sous la coupe de la communauté Internationale ?

KF.- Au grand jamais. J’aime risquer. Je me dis tout le temps « poukisa nou pa frape pye’n atè pou nou di nou bouke, bannou peyinn ? » Même quand nous aurions à souffrir pendant 20 à 30 ans mais au moins après cette pluie serait le beau temps.


Raymond Joseph & Keren Frederick
D.-  Keren Frederick, avez-vous réalisé le rêve de votre vie ?

KF.- Le rêve de ma vie serait loin d’être réalisé. Le rêve de ma vie c’est d’unir tous les haïtiens sans distinction. D’avoir la capacité de parler avec un kidnappeur, le faire prendre conscience de son état, le mettre dans un autre monde, un monde d’amour fraternel ; d’arriver au parlement, d’éliminer tous les petits clans, un parlement unanime qui voit pays d’abord ; de rentrer au palais national, d’avoir la capacité de parler au président, le faire changer d’attitude, s’il en a une mauvaise… de voir un pays « PERLE DES ANTILLES ».


D.- Quelle est la question primordiale que nous ne vous avions pas posée, quelle est la réponse et donnez-nous le mot de la fin ?

KF.- De quelle ville d’Haïti suis-je ?

Quand je donne une réponse à cette question, tout le monde rie de moi. Je dis toujours que je viens d’Haïti. Savez-vous pourquoi ? Je suis la rare personne que sa famille vient de la majorité des départements du pays. Mon père vient de la Grand’Anse, ma mère de l’Artibonite, Ma grand-mère maternelle du Nord-Ouest, ma grand-mère paternelle, du sud, moi de l’Ouest. Ce qui fait de moi une fière haïtienne.


D.-  CANAL+HAÏTI vous remercie pour votre support dans le cadre du Mouvement de la Reconstruction d’Haïti, de la liberté d’expression et de la liberté de la presse.


KF.- Merci CANAL+HAÏTI.



 Propos recueillis par Andy Limontas pour DIASPORAMA une Production CANAL+HAÏTI

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Written on:mars 6, 2012 
 
 
 
 
 
Crédit: CANAL+HAÏTI
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