lundi 21 janvier 2013

Interview exclusive de Philomé Robert présentateur-vedette à France-24.


Du Limbé (Nord d’Haïti) à Paris (France) en passant par Port-au-Prince, quelques villes de l’Amérique du Nord, de l’Europe et de la Caraïbe, Philomé Robert a effectué impeccablement un véritable parcours du combattant pour aboutir à la cour des grands: FRANCE-24.

Il  est  journaliste présentateur/vedette  à la chaîne française d’informations internationales, France 24, l’équivalent de la chaine américaine d’information en continu CNN  en France.

Robert dit qu’il a de la chance en faisant le métier qu’il sait faire : Journaliste. Il est professionnel du Journalisme  depuis 1996. L’expérience vécue à Radio Vision-2000 99.3FM (Port-au-Prince) aux côtés des Daly Valet, Réginald Lubin, Jacques Maurice, Léopold Berlanger, Michèle Cléophat, Pierre Thibault Junior… à Port-au-Prince a été primordiale dans sa carrière.

Philomé Robert a quitté Haïti le 28 décembre 2001, « 11 jours après les événements du 17 décembre où des journalistes assimilés à tort à la presse d’opposition ont été agressés, malmenés, tabassés … » par le gouvernement en place.

En Haïti, il  fréquenta les Facultés de Linguistique Appliquée et  de Droit et des Sciences Economiques de l’Université d’Etat d’Haïti (UEH). Cependant, en France, il étudia le journalisme à L’Institut d’Etudes Politiques de Paris (IEP de Paris). Ensuite, il eut  l’immense plaisir de travailler et de côtoyer  les grands noms de RFI, puis FRANCE-24 où  il présente, actuellement, les journaux  télévisés, très prisés, du week-end . Il assimile tout cela à de la chance…

Et pourtant, travailler à RFI, CNN, BBC World Service, Radio-Canada, VOA…n’est pas le fruit du hasard, mais celui de professionnel qualifié et aguerri en la matière.

Philomé Robert est un authentique ambassadeur du journalisme haïtien dans l’hexagone. Il a su représenter dignement  et valablement ses confrères compatriotes tant de la Diaspora que de l’Alma mater. Il est l’exemple à suivre par les jeunes haïtiens et haïtiennes qui aspirent à devenir un bon pro du métier.

CANAL+HAITI vous présente, en exclusivité, une excellente interview accordée par le journaliste-présentateur-vedette Haïtien « Natif-Natal » de France-24, Philomé Robert  au D.E. de l’Agence, Andy Limontas.
D.- Philomé  Robert,  depuis quand avez-vous laissé Haïti et pour quels motifs ?

PR.-  J’ai quitté Haïti le 28 décembre 2001, 11 jours après les événements du 17 décembre où des journalistes assimilés à tort à la presse d’opposition ont été agressés, malmenés, tabassés. Certains d’entre eux ont dû prendre la fuite dans des ambassades. Cela a été mon cas. Près de 10 ans après,  je maintiens que ce fut une période noire pour la presse. Que la démocratie n’en est pas sortie grandie. Et que justice n’a pas été faîte. Mais je comprends que l’actuel pouvoir puisse avoir d’autres priorités. Ce qui est normal.


D.- Pouvez-vous nous parler de vos activités professionnelles ?

PR.-  Je suis journaliste présentateur à la chaîne française d’informations internationales, France 24. Parallèlement, je travaille à la publication de mon premier livre intitulé Exil au crépuscule, fruit d’une coédition RFI APOPSIX Editions, dans lequel je raconte ces événements du 17 décembre, la lutte pour la démocratie de la France étant et mon retour en catastrophe dans les circonstances dramatiques consécutives au séisme du 12 janvier. J’étais parmi les tout premiers journalistes venant de l’extérieur à arriver en Haïti après ce drame.


D.- Quels pays avez-vous visités avant de vous établir définitivement France ?

PR.- Avant  mon installation forcée à Paris, je m’étais un peu baladé en Amérique du Nord, en Europe et dans la Caraïbe dans le cadre de voyages personnels et professionnels.


D.- Quelle relation développez-vous avec  la communauté haïtienne de l’Hexagone ?

PR.- Je participe autant que faire se peut aux activités de la communauté : expositions, conférences-débats, concerts, collectes de fond. Malheureusement, elles ont souvent lieu le week-end. Or, je travaille essentiellement les vendredis, samedis et dimanches.


D.- Existe-t-il des associations pouvant défendre les intérêts des haïtiens là où vous êtes ?

PR.- Il y a pléthore d’associations. Les unes sont de vastes fumisteries. D’autres sont sérieuses. De manière générale, elles se prennent pour de petites ONG avec des fantasmagories bien de chez nous. Elles s’imaginent qu’en finançant avec quelques dizaines d’euros un ajoupa qui tiendra lieu d’école dans une section rurale elles ont contribué à la cause de l’éducation en Haïti. Loin de moi l’idée de minimiser les efforts de qui que ce soit. Mais aucun pays ne se développe à coups d’ONG, grandes ou petites, locales ou internationales.


D.- Qu’est-ce qui a pu vous captiver en territoire français ?

PR.- La France est le pays qui m’a sauvé la vie quand j’étais en danger sur mon propre territoire. Même si tout y est loin d’être rose, j’ai beaucoup de respect pour un pays dans lequel les valeurs de liberté, de respect, d’égalité des droits et des chances sont la règle et non l’exception. Evidemment, je ne suis pas naïf. Ne serait-ce que par mon métier, je suis au courant des nombreux défis et problèmes auxquels la France est confrontée à longueur de temps. Des difficultés qui persisteront si rien n’est fait pour renverser la vapeur.


D.- Quels liens entretenez-vous avec Haïti ?

PR.-  L’amour de mon île en tout premier lieu. Je ne suis pas nostalgique. J’essaie de garder vivante la flamme d’une Haïti rêvée dont j’espère qu’elle deviendra réalité. Beaucoup plus concrètement, je garde un œil alerte et vigilant sur tout ce qui se passe. J’espère ne pas me tromper dans mes jugements et mes analyses.


D.- Aimeriez-vous retourner vivre définitivement en Haïti, sous quelles conditions ?

PR.- Bien sûr. C’est une idée que je n’ai pas cessé de caresser depuis ce jour d’hiver où j’ai atterri à Orly. Depuis, le temps a passé. Mais comme je l’ai expliqué plus haut, je travaille activement, avec d’autres, à l’avènement de cet Etat dont nous serons tous fiers. Je ne pose aucune condition à mon retour chez moi. Ceux qui en posent ignorent ou feignent d’ignorer que c’est à eux de contribuer au changement qu’ils réclament. Cependant, je sais aussi qu’entre mon départ et aujourd’hui, le temps a passé. Que la place que j’occupais est, heureusement prise, et que quoi que je fasse, je suis obligé de m’inscrire résolument dans la double culture. Là est mon avenir avec Haïti. Et si quelque sénateur, député ou quelque potentat ne comprenait pas que les Haïtiens qui vivent à l’étranger ont toute leur place nonobstant un conservatisme et même une xénophobie bien haïtiens, je dirais que ce serait une grande perte pour notre pays.


D.- Quels sont vos espoirs pour la jeunesse haïtienne ?

PR.- A cœur vaillant rien d’impossible, dit  le proverbe. Mon espoir est qu’elle s’implique davantage. Qu’on lui fasse aussi de la place pour qu’elle puisse vivre le présent, entrevoir l’avenir. C’est un combat très dur.


D.- Quels conseils donneriez-vous à la diaspora haïtienne concernant son pays d’origine ?

PR.- De garder un œil sans condescendance sur le pays. D’y venir. D’y travailler. De ne pas avoir d’exigences démesurées. Ni de vouloir transposer à tout prix des modèles de développements qui ont peut-être fait leurs preuves ailleurs mais qui n’ont pas leur place chez nous.Il n’y a pas à se plaindre du métro qu’il n’y a pas à Port-au-Prince. En revanche, on peut pousser à la réalisation d’infrastructures de transports publics comme le tramway ou des lignes de bus. Auparavant, nous aurons pris soin de donner une alternative à ces milliers de chauffeurs de bus, de camionnettesou de taxis qui ne disposent que de ce moyen pour vivre dans un pays où les taux de chômage frôlent des chiffres exponentiels.


D.- Que pensez-vous de la présence de la MINUSTAH en Haïti ?

PR.- La MINUSTAH entre dans le cadre global d’une présence onusienne en Haïti qui date de 1994-1995, après le retour du président  Jean-Bertrand Aristide. Qui se souvient encore de la MINUHA, de la MANUH, de la MITNUH, de la MIPONUH ? Disons que les Haïtiens n’ont jamais su quoi faire avec ces missions. On n’a jamais pu s’en servir comme outils pour atteindre des objectifs bien précis. Combien de routes, de ponts, d’écoles, de centres universitaires, de lieux culturels, d’infrastructures portuaires ou aéroportuaires avons-nous pu obtenir de ces missions onusiennes ? Au lieu de cela nous nous taisons comme des « toutous » quand elles nous apportent le choléra.


D.- Devrait-on remobiliser et réhabiliter les FADH ? Pourquoi ?

PR.- Quelle armée ? Avec combiens d’hommes et de femmes ? Avec quel budget ? Si l’armée redevient aussi budgétivore que ne l’était autre que le président Aristide a dissoute, ce n’est pas la peine de s’embarquer dans pareille aventure. Il y a mieux à faire avec notre argent. Mais le cœur de la question est ailleurs. S’agit-il d’avoir une armée fossoyeuse de république, qui a toujours servi de bras armé aux classes dominantes pour étrangler davantage ce pays ? Est-ce qu’il s’agit d’aménager de nouveaux espaces légaux d’exactions pour de petits caudillos ?


D.-  Votre vie est-elle une réussite ? Autrement dit, avez-vous réalisé le rêve de votre vie ?

PR.- Ce serait présomptueux de ma part de considérer que ma vie est une réussite. J’ai la chance de faire le métier que je sais faire : journaliste. Je le fais depuis 1996. En France, il y a eu RFI puis France 24 aujourd’hui. Je considère que c’est une chance. L’expérience à Radio Vision 2000 à Port-au-Prince a été très importante. Beaucoup de personnes en Haïti m’ont aidé à mettre le pied à l’étrier. Je pense à Daly Valet, Réginald Lubin, Jacques Maurice, Léopold Berlanger, Michèle Cléophat, Pierre Thibault Junior, Léontès Dorzilmé, Donald Jean, Martinez Claircidor, Germain Will Edvard, Kathleen Perry. D’autres que j’ai certainement oubliées et auxquelles je présente mes plus plates excuses pour ce malencontreux oubli m’ont soutenu quand c’était très dur. J’essaie de ne pas les décevoir en travaillant très dur. Chaque jour un peu plus. Et comme dirait Aimé Césaire dans ces phrases tirées de la Tragédie du Roi Christophe et que j’extrais « honteusement » de leur contexte : «  plus de travail, plus de foi, plus d’enthousiasme. Un pas, un autre pas, encore un autre pas et tenir gagné chaque pas ». C’est ma bataille.


D.-  Philomé Robert, CANAL+HAITI  vous remercie pour votre support dans le cadre de la liberté de la Presse.



 FRANCE 24
  France 24 est une chaîne de télévision d’information internationale française en continu qui émet en trois langues (français, anglais et arabe) 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.

France 24 a été lancée le 6 décembre 2006. Elle a pour principaux concurrents l’américaine CNN, la britannique BBC World, la paneuropéenne Euronews, l’allemande Deutsche Welle ou encore la qatarie Al Jazeera. Elle se veut d’ailleurs une « CNN à la française »1, selon les propos de Renaud Donnedieu de Vabres, alors ministre de la Culture.

La chaîne est depuis 2008 une filiale à 100 % d’un organisme public français, la Société de l’audiovisuel extérieur de la France, qui a acquis les parts auparavant détenues par les groupes France Télévisions et TF1, qui ont été les deux acteurs retenus pour le lancement de la chaîne.

 HORAIRE DE PHILOME ROBERT SUR FRANCE-24
 Vendredi
De 06h00 à 10h00 (GMT+1) / minuit à 4h AM (  Haiti) : Paris Direct : Philomé Robert et Audrey Racine
 Samedi et Dimanche
De 06h00 à 11h00 (GMT+1) / minuit à 5hAM (Haiti) : Journaux : Philomé Robert



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Written on:mars 6, 2012 
 
 
 Crédit: CANAL+HAÏTI
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