mardi 22 janvier 2013

Libre Tribune: Une vérité qui fait mal !

Les rapports humains sont régis par des conditions, parfois tacites, auxquelles personnes ne peut échapper, sans se marginaliser. Les relations internationales sont encore plus complexes et plus déterminantes. Parfois on fait semblant de ne rien comprendre mais la camisole  qu’on vous impose à dessein, vous identifie aux yeux de tous. Inutile de jouer à l’autruche en vous cachant la tête. Il est toujours conseillé de ne pas ignorer une maladie car la mort arrive plus vite et à coup sûr.

L’inauguration de l’Université du Roi Henri Christophe par la République Dominicaine vient de couronner la décrépitude de l’État  haïtien et le reniement d’une marque de fabrique fondamentale : la fierté nationale. En plein cœur du Royaume de Christophe, Leonel Fernandez vient de  camper un Cheval de Troie. Dans un élan d’orgueil et de dignité nationale le Roi du Nord, après avoir reçu en cadeau une voiture de la Reine d’Angleterre en visite à la Citadelle Laferrière, a commandé à ses techniciens de construire sa réplique beaucoup plus jolie qu’il a offerte en retour à  la Couronne d’Angleterre.

Qu’est-il advenu de cette race d’hommes qui nous ont affranchis de l’esclavage malgré la puissance de feu de l’Empire de Napoléon ? Le moment est venu pour nous rendre compte que nous sommes arrivés au dernier barreau de l’échelle avec la gifle dominicaine ! Oui c’est une gifle que nous a flanquée en plein visage Leonel Fernandez. L’empreinte de ses doigts demeurent indélébile dans cette nouvelle page d’histoire des relations haitiano-dominicaines. Le message est clair. En lisant entre les lignes, le Gouvernement Dominicain vient  de confirmer l’impéritie de nos dirigeants et prouver leur incapacité à offrir à la jeunesse haïtienne les fruits de l’arbre de la science. Dans l’espace d’un an un Campus Universitaire, aux lignes architecturales bien définies, est implanté à Limonade. Nos dirigeants peuvent-il réaliser un tel record. sans aucune fuite de capitaux ? Nous en doutons.

Il y a belle lurette que nos jeunes sont obligés de se rendre à Santo Domingo pour leur formation professionnelle faute de cadres adéquats en Haïti. D’ailleurs chez nous. le mot Université a perdu son sens étymologique. L’Agora qui constitue son épicentre est envahie par des oiseaux de tout acabit qui se parent de titres ronflants sans les études académiques adéquates. Les ramages de la plupart d’entre eux ne se rapportent nullement à leurs plumages. Sont-ils eux-mêmes des Universitaires ? N’importe qui enseigne n’importe quoi avec leurs yeux rivés sur leurs livres et pis encore dans un cahier jauni par le temps. La désuétude et même la faiblesse de leurs connaissances ne répondent plus au vagissement du Monde moderne. Alors comment voulez-vous que nos diplômés soient compétitifs sur le marché du travail.

Que dense a casa! Restez chez vous ! Voilà le souhait le plus sincère de la République Dominicaine en  faisant don aux Haïtiens d’une Université. On ne peut pas faire semblant de ne rien comprendre, sans honte et sans vergogne ! Disons tout de suite que partout dans le Monde la Construction des Universités a toujours été l’œuvre de la Hiérarchie Catholiqueet de l’aile progressiste de la bourgeoisie sous l ‘égide de certains Chefs d’État éclairés. Par exemple l’Université d’Ottawa au Canada est l’œuvre des Jésuites. En Haïti,  nous nageons dans un triangle de merdes. Peut-être que le clergé breton pourrait y arriver mais nous avons fait le triste constat de ce penchant grabataire des Evêques haïtiens. L’œuvre la plus spectaculaire qu’ils ont réalisée c’est le déchouquage. En guise d’Université, ils ont instauré les TKL (Ti Komite Legliz) ou Communautés ecclésiales de base qui ont gâché les examens du baccalauréat sous l’ordre du tristement célèbre Evêque Rache Manyòk.

Quant à la bourgeoisie haïtienne, nous comprenons bien leur indifférence par rapport à l’implantation des Universités en Haïti. Rien qu’en se basant sur leurs noms dores et déjà, on constate qu’on est en présence d’une bourgeoisie déracinée qui n’a aucune commune mesure avec les aspirations haïtiennes. Leurs enfants, ils les envoient dans leurs pays d’origine c’est à dire les Universités européennes. Pourtant en arrivant en Haïti leurs ancêtres n’avaient ni sou ni maille. Pour démêler les ficelles, faisons un petit tour d’horizon :
- Les premiers arrivés trainaient avec une boite sur les galeries des grands magasins qu’ils ont fini par acquérir jusqu’à leur Manufacture de vêtements.

- Les autres n’avaient qu’un petit garage à la Grand-rue au départ pour monter une manufacture de chaussures, une fonderie et une Chaine de production industrielle.

- Les derniers arrivés ont pris le train de la mondialisation pour acquérir au rabais, à la faveur de la privatisation,  les Entreprises d’Etat : Minoterie d’Haïti, Ciment d’Haïti, Banques privées etc. Au décompte le prix de la livre de farine et de ciment a quintuplé.

Sans feinte et sans rancune, ils doivent tous admettre, exception faite de rares entrepreneurs, que leur participation à l’œuvre de construction nationale est nulle, que dire de la reconstruction ! Pour mieux les convaincre nous leur adressons ce questionnaire :

1.    Combien d’écoles primaires, secondaires privées ou publiques ont-ils construit ? Zéro ! Pourtant la Fondation Digiciel qui ne milite pas longtemps, après le séisme du 12 janvier 2010, a engagé 6 millions de dollars et construit 50 écoles en Haïti pendant 540 jours.

2.    Combien de Collèges ou d’Université sont-ils bâti pour la formation professionnelle de la jeunesse haïtienne ? Zéro!  Ce sont les intellectuels de la Classe Moyenne qui, avec leurs ongles, tentent de meubler l’esprit de nos jeunes. Chapeau!

3.    Combien d’hôpitaux publics ou privés ont-ils construits en Haïti à l’instar des Juifs qui maitrisent le secteur médical aux USA ? Zéro ! Quand ils sont malades ils appellent un avion-ambulance tant pis pour les laissés-pour-compte.

4.    Quelle somme ont-ils investi dans l’Industrie de la Construction en vue de permettre à la population de se loger dans une maison modeste ? Zéro !

La plus grande tragédie dérive du fait que la Droite haïtienne n’est pas la seule à se comporter ainsi. Il est étonnant de rencontrer parmi la Gauche la réplique de  cette bourgeoisie « pesée-succée ». Ils s’enrichissent aux dépens de la Doctrine qu’ils foulent aux pieds. Tant pis pour les camarades qui crèvent!

Dans tous les pays du monde, ce sont les élites qui donnent le ton. Avec une bourgeoisie salope qui se contente de la sous-traitance et de la pitance qu’elle reçoit des grandes chaines de production internationales, ce n’est pas nécessaire de former des universitaires. Les ingénieurs sont casés dans les pays riches. La main-d’œuvre servile est recrutée  dans les pays pauvres comme Haïti pour travailler dans les Zones Franches. Avec des socialistes caviars qui se comportent en de véritables collabos, même lorsqu’ils ont leurs représentants au Parlement, les revendications de la classe ouvrière n’auront aucune suite. Le salaire minimum  ne bougera pas.

Comme le lion nous préférons regagner le fond des bois pour y mourir au lieu de nous faire humilier par le don de l’Université de Limonade. Qui pis est, ils n’ont aucun budget ni structure organisationnelle, ni cadre compétent pour assurer le suivi. Remettre les clés au Rectorat de l’Université d’État d’Haïti, sans aucun budget de fonctionnement, c’est un déni de responsabilité. Partout dans le monde ce sont les Grandes Firmes qui patronnent les Universités et accordent aux étudiants des bourses déductibles d’impôt. Le Gouvernement Martelly/Conille doit employer cette méthode de financement pour faire fonctionner le Campus Universitaire de Limonade. L’échec sera encore plus cuisant et la honte plus profonde si on n’arrive même pas à ouvrir ses portes. Les matériels et ses mobiliers seront volés. En filigrane, c’est le grand défi que nous lance le Gouvernement dominicain. Le Président Leonel Fernandez vient de mettre le Gouvernement haitien le dos au mur tout en prouvant au monde entier que les Haitiens auront une vie meilleure sous son protectorat. Une vérité qui fait mal.



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Written on:mars 26, 2012

Credits :  JeanErichRené/erichrene January 30, 2012@bell.net/CANAL+HAITI

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