Née
à Pointe-à-Raquettes, commune de l’ile de la Gonave, après ses études
primaires, Bernadette Léger part pour la Capitale haitienne,
Port-au-Prince, où elle poursuit ses études secondaires et
universitaires. Graduée avec mérite, Ingénieure électronique, elle
bénéficia d’une bourse d’étude de l’Ambassade de France en Haïti pour
une maitrise en Informatique de Gestion. De retour, elle mena une
carrière multidisciplinaire : professeur de mathématiques et
Informatiques, Ingénieur en Télécommunications et en Systèmes
d’information,Consultant, Chef d’entreprise et Leader communautaire.
Quelques années plus tard, elle devint Madame Bernadette Léger-Guirand.
Madame Guirand laissa son pays natal, Haiti, en 1999 pour
immigrer vers la Floride, USA où elle s’acquitta de deux tâches, la
gestion de sa famille de quatre (4) enfants et celle de ses activités
socioprofessionnelles. Depuis Juillet 2006, elle tourna son regard vers
Haïti et consacra une bonne partie de son temps à la promotion de l’ile
de la Gonave, comme pôle stratégique de développement socioéconomique
d’Haïti. De ce fait, Elle incorpora, dans l’État de la Floride,
l’organisation dénommée « Gonave Development Corporation » avec un
groupe de compatriotes, professionnelles, œuvrant dans la diaspora.
Actuellement , l’ingénieure Léger-Guirand est représentante
du chapitre GRAHN-Gonave et est membre honoraire du Conseil
Universitaire de l’ile. Elle est aussi mandatée pour représenter le
« Lions Club » de La Gonave.
A la recherche des vraies valeurs haitiennes éparpillées à
travers la planête, c’est avec un immense plaisir que « DIASPORAMA »
vous présente en direct de Tallahassee
, capitale de l’Etat de la Floride, USA, l’une des sommités de la
diaspora haitienne, l’ingénieure Bernadette Léger-Guirand, dans une
interview exclusive…
D.-Madame Bernadette Léger Guirand, depuis quand avez-vous laissé Haïti?
BLG.-13 Février 1999
D.-Pour quels motifs avez-vous laissé votre pays ?
BLG.-Plusieurs, toutefois le plus
important est la poursuite d’un environnement stable et sécuritaire
pour accompagner mes enfants tout en garantissant une continuité
harmonieuse des rêves que je caresse pour « La Gonave », mon île natale,
depuis mon enfance.
D.-Dans quelle(s) condition(s) avez-vous laissé votre terre natale ?
BLG.-C’était le carnaval, j’avais
programmé des vacances pour ma famille en Floride, sachant que si tout
se passe comme je me l’imaginais, nous allions nous y établir.
D.-Pouvez-vous nous parler de vos activités professionnelles ou universitaires ?
BLG.-Je suis ingénieure, diplômée de la
Faculté des Sciences de l’Université d’État d’Haïti. Je détiens aussi
une maitrise en Méthodes Informatiques Appliquées à la Gestion des
Entreprises (MIAGE) de l’université de Paris-XI, Orsay et l’université
de Toulouse III. Je fonctionne aujourd’hui en qualité d’entrepreneur,
indépendant contractant ou consultant.
D.-Quels pays avez-vous visités avant de vous établir définitivement aux USA ?
BLG.-Visiter. J’ai visité soit aux fins
d’études/travaux ou loisir plusieurs pays, d’Europe, de la Caraïbe, de
l’Amérique Latine et l’Amérique du Nord sans avoir eu aucune intention
ni désir de m’y établir.
D.-Quelle relation développez-vous avec la communauté haïtienne de la Floride ?
BLG.-Mes activités de représentation et de
promotion culturelle dans le cadre de la Fondation Joseph Laurore m’ont
aidée à créer un espace au sein de la communauté haïtienne de La
Floride, notamment dans les rapports parents à institutions scolaires ou
judiciaires et les agences de service social.
D.-Existe-t-il des associations pouvant défendre les intérêts des haïtiens là où vous êtes ?
BLG.-Oui, pas assez ou pas structurées adéquatement pour constituer une voix de défense respectée.
D.-Qu’est-ce que vous appréciez chez les américains et que vous aimeriez retrouver chez les haïtiens ?
BLG.-Les Américains accordent une très
grande importance au maintien d’une qualité de vie. Comme les haïtiens,
ils sont travailleurs et persistants. Ils sont de surcroit organisés
autour d’un idéal commun. Ce que, nous autres Haïtiens, nous ne sommes
pas arrivés à incarner consciemment et de manière soutenue.
D.-Qu’est-ce qui a pu vous captiver en territoire américain ?
BLG.-Le sentiment d’abondance.
D.-En ce moment, Quels liens entretenez-vous avec Haïti ?
BLG.-Mon époux vit en Haïti depuis 2008 et
offre ses services à la FDS, notre Alma Mater, en qualité de membre de
conseil de direction.
D.-Quels genres de support apportez-vous, actuellement, à la Patrie-Mère ?
BLG.-Support – Depuis 2006, je suis
engagée dans une démarche pour instituer le plan stratégique de
développement socio-économique durable d’Haïti par la création de la
Zone Économique Spéciale de La Gonave. Ce plan fut introduit au
GOH par le groupe GDC (Gonave Development Corporation) dont je suis la
vice-présidente. Des accords de partenariats furent signés avec les
différents élus locaux de La Gonave, des protocoles et correspondances
furent échangées avec le Gouvernement Central. Une Commission
Interministérielle nous servait d’homologue, Un avant-projet de loi est
présente à la chambre basse du parlement haïtien, attendant d’être
discuté et promulgué. Projet de loi qui porte sur la création de ZES
en Haïti, La Gonave comme expérience pilote ainsi que les autres
lois d’accompagnement.
D.-Comptez-vous retourner vivre définitivement en Haïti ? Si oui, sous quelles conditions ?
BLG.-Oui, bien sur. Il ne saurait avoir de
conditions. Je retourne chez moi. <Qui pourra me séparer de l’amour
de ma Patrie ?>
D.-Parlez-nous de vos bons et mauvais souvenirs d’Haïti ?
BLG.-Difficile ! Je dirais tout d’abord,
comme bons souvenirs, ce serait tout ou presque : Mon enfance à La
Gonave, l’espace marin que j’avais à observer chaque jour avec un regard
perdu, un sentiment d’infinité, le paysage pittoresque d’arbres géants,
l’abondance des fruits, l’abondance des astres et leur
proximité au petit jour. J’ai eu la chance, au cours de mes quatre
années d’études universitaires, de voyager dans l’arrière pays soit en
prospection géologique, soit pour loisir avec d’autres collègues
haïtiens et étrangers. Pendant cette période là, j’ai pu
explorer des espaces marins et sous marins, des scènes
panoramiques, des ressources naturelles que très peu de gens de ma
génération peuvent s’imaginer. Cette communion avec la nature
Haïtienne me retient très souvent dans un état de
contemplation, je me trouve toujours visualisant une Haïti verte, belle
et prospère. Je vois défis et opportunités.
Coté, mauvais souvenirs : Je
dirais encore tout. Pour résumer, disons que je comprends le mensonge
mais j’aime la vérité. En Haïti, malheureusement, tout ce qui n’est pas
tangible est mensonge. Notre histoire est construite sur un ou des
mensonges, notre culture est tissée de mensonges, toute notre science
est mensonge et vanité. Mensonge/Marronnage – Vertu/Hypocrisie, Monstre
charmant que nous nourrissons à tort ou à raison !
D.- Quels sont vos espoirs pour la jeunesse haïtienne d’Haïti ?
BLG.-Beaucoup ! Cette jeunesse, génération
de 1986, comme on la qualifie souvent demeure l’espoir d’un renouveau
en Haïti, du moins je le souhaite. Elle dispose de deux atouts
majeurs : la première est qu’elle a pu se défaire ne serait-ce qu’en
partie, du carcan de vertu avec ses corollaires, le péché et la peur
que ma génération et celles d’avant héritent des croyances religieuses
qui ont été imposées. Le deuxième est qu’elle bénéficie de
l’apport des Technologies de l’Information et la Communication
(TIC/NTIC), ce qui défie l’isolement intellectuel et émotionnel
et de ce fait renforce la foi en un lendemain différent voire
meilleur selon les choix où les voies dans lesquelles elle s’engage.
D.-Quels sont vos espoirs pour la jeunesse haïtienne de l’étranger (de la diaspora) ?
BLG.-La réponse précédente vaut aussi pour
la jeunesse Haïtienne de la Diaspora car avec l’exploitation et
l’usage des TIC, les deux se rejoignent et se partagent leurs
préoccupations aussi bien que leurs expériences et espoirs.
D.-Quels conseils donneriez-vous à la diaspora haïtienne concernant son pays d’origine ?
BLG.-Le temps est venu de regagner nos
lieux de naissance pour les embellir. Je leur dirais de ranimer leur foi
en Haïti, d’ailleurs nous sommes Haïti.
D.-Qu’entendez-vous par aide au développement durable ?
BLG.-Investir.
D.-Pouvez-vous faire le distinguo entre « aide
pour le développement durable » et « aide humanitaire » ; laquelle de
ces problématiques choisiriez-vous pour Haïti et pourquoi ?
BLG.-Un collègue ingénieur me dit
récemment et je cite : ‘Si j’étais président, j’exigerais toute
institution humanitaire à quitter le pays et/ou sursoir sur tout apport
en aide humanitaire quand bien même cela aurait pénalisé les couches les
plus fragiles de la société haïtienne’. Cela parait caricatural !
Cependant, il faut repenser, réorganiser, restructurer, intégrer l’aide
humanitaire pour qu’elle devienne efficace, utile, productive.
Il
faut restituer la dignité de nos compatriotes. Nous sommes arrivés trop
loin, nous sommes sur le point de tout perdre. Pour le moment, nous
n’avons qu’un choix : Investir nos ressources, nos énergies dans un
programme de développement durable audacieux et gigantesque à l’image
de ce que la GDC prône depuis bientôt 6 ans.
C’est l’unique façon de
renverser la vapeur. Il faut que l’Homme Haïtien puisse se remettre à
rêver, rêver grand, rêver long terme !
D.-Que pensez-vous de la présence de la Minustah en Haïti ?
BLG.-Un mal ! Peut-être nécessaire, mais
un mal. Une tâche d’encre dans notre histoire, celle peut-être la plus
honteuse depuis l’assassinat de Jean-Jacques Dessalines (ndlr: père de
l’Indépendance haïtienne).
D.-Devrait-on remobiliser et réhabiliter les FADH ? Pourquoi ?
BLG.-Je ne dis ni oui ni non. Je dirais
seulement que les FADH revêtent d’une connotation négative qu’il faudra
décortiquer, mettre à nue pour extraire les valeurs réelles d’une
force armée en Haïti, pour Haïti. Certains disent que les FADH
n’étaient pas au service du pays, pour ce il ne faudrait pas les
réintégrer. Je dirais aussi que le système d’éducation nationale n’a
jamais été au service d’Haïti, il faudra alors fermer toutes nos écoles
.
D.-Les haïtiens devraient-ils rester indéfiniment sous la coupe de la communauté Internationale ?
BLG.-Je ne comprends pas. Personne ne nous
oblige à rester sous la coupe de la communauté internationale. Cela
change. Ce changement est inévitable et s’accélère. Il nous faudra,
comme je disais tantôt, créer l’homme haïtien pour qu’il devienne
consciemment maître et créateur de sa destinée.
D.-Bernadette Léger Guirand, Votre vie est-elle une réussite ? Autrement dit, avez-vous réalisé le rêve de votre vie ?
BLG.-Pas encore ! Je n’ai pas encore
réussi à débloquer harmonieusement le divin en moi pour qu’il profite au
plus grand nombre. Mon rêve est pour Haïti, en Haïti, plus
particulièrement à La Gonave.
D.-Quelle est la question primordiale que nous
ne vous avions pas posée, quelle en est la réponse… et donnez-nous le
mot de la fin ?
BLG.-Mon mot de la fin est un souhait. Je
souhaite que nous puissions rester consciemment solidaires et
défenseurs des intérêts de notre patrie commune. AYIBOBO !
D.-Madame Bernadette Leger Guirand…
CANAL+HAITI vous remercie pour votre support dans le cadre
du Mouvement de la Reconstructiond’Haïti, de la liberté d’expression et
de la liberté de la presse.
BLG.-C’est moi qui remercie « DIASPORAMA », CANAL+HAÏTI et ses lecteurs. Vive Haïti !
Propos recueillis par Andy LIMONTAS pour DIASPORAMA/CANAL+HAITI
Written by:canalplushaiti
Written on:mars 5, 2012
Crédit: CANAL+HAÏTI
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