« Il est impératif que les haïtiens retournent au pays, en vue d’apporter leurs avoirs et leur savoir pour la restructuration du pays »…En résumé, c’est ainsi que Madame Jacquely Lafontant, résidant à Milwaukee dans le Wisconsin, USA, voit la participation de certains cadres de la diaspora dans la reconstruction de la nouvelle Haïti.
Elle vient du Cap-Haitien.
Notre protagoniste laissa Haïti, adolescente en été 1972, pour suivre sa mère qui décrocha un contrat de professeur au Canada. Infirmière de profession, elle a fait des Etudes en Haïti, au Canada, en France et aux États-Unis d’Amérique.
L’Invitée de « DIASPORAMA » a plusieurs cordes à son arc : Elle prépare un bachelier en sciences Infirmières. Madame Lafontant détient également une maitrise en littérature comparée et Lettres Modernes, obtenue à l’Université Catholique de Paris en France. Elle est interprète-traductrice, éducatrice bilingue. Elle maitrise aisément, plus de six langues, dont le français, l’anglais, l’espagnol, le créole haïtien, l’allemand et l’italien.
L’Intellectuelle de lettres participe à plusieurs projets et programmes humanitaires destinés à ses compatriotes démunis d’Haïti, elle pourra mieux élaborer, en long et en large, au cour de cette longue entrevue à bâton rompu.
La polyglotte croit énormément à la richesse et aux potentialités de ses compatriotes de l’extérieur, elle est «…convaincue que la diaspora haïtienne redonnera au pays son image d’antan. Elle (ndlr : La diaspora) détient en mains les outils nécessaires pour l’édification d’une nouvelle Haïti. Elle (ndlr :La diaspora) dispose de professionnels capables d’apporter leur connaissance éclectique dans tous les domaines… »
En nous parlant dans cet entretien, vous sentirez qu’elle a du chien. Elle a dit tout haut ce que certains politiciens haïtiens n’osent même pas dire tout bas. Bonne patriote, la femme de lettre n’en revient pas des résultats catastrophiques obtenus par la présence de la Force Armée Multinationale qui se trouve en Haïti depuis 2004, après le départ du président Jean-Bertrand Aristide pour l’exil, en Afrique du Sud : «… La Minustah n’a plus sa place au pays. Son heure a sonnée. Qu’avons-nous recueilli de cette armée onusienne? Elle a travaillé contre les intérêts d’Haïti sans aucun agenda ».
Sur cette lancée, elle ne va pas par quatre chemins, en donnant sa position sur la Remobilisation et la Réhabilitation des Forces Armées d’ Haïti, orchestrée par le gouvernement Martelly/Conille: «… Je suis pour le retour de l’armée, mais une armée moderne et professionnelle qui répond aux besoins spécifiques du pays. Nous avons besoin d’une armée qui joue un rôle de développement à tous les niveaux et échelons. Nous n’avons pas besoin d’une armée calquée à l’européenne ou à l’américaine. Nous n’avons non plus besoin de bourreaux, mais de patriotes conscientisés capables de faire des forces armées une vraie institution… »
L’Infirmière pense que le «… changement s’effectuera à partir du moment que, chacun de nous prenne conscience qu’Haïti ne sera libérée que par les haïtiens eux-mêmes… » …Et de poursuivre, « …Mais quelque chose a besoin de changer: « notre mentalité ». Il nous faut du courage, une franche solidarité relever notre dignité et regagner notre souveraineté nationale… »
…Et pour couronner le tout, Madame Lafontant, une très forte personnalité, mère de famille, croit, sans démordre, que l’avenir prometteur de la première République Noire Indépendante du Monde appartient aux jeunes… : « …Le destin d’Haïti repose sur cette jeunesse et ne peut se faire qu’en Haïti… »
Notre protagoniste laissa Haïti, adolescente en été 1972, pour suivre sa mère qui décrocha un contrat de professeur au Canada. Infirmière de profession, elle a fait des Etudes en Haïti, au Canada, en France et aux États-Unis d’Amérique.
L’Invitée de « DIASPORAMA » a plusieurs cordes à son arc : Elle prépare un bachelier en sciences Infirmières. Madame Lafontant détient également une maitrise en littérature comparée et Lettres Modernes, obtenue à l’Université Catholique de Paris en France. Elle est interprète-traductrice, éducatrice bilingue. Elle maitrise aisément, plus de six langues, dont le français, l’anglais, l’espagnol, le créole haïtien, l’allemand et l’italien.
L’Intellectuelle de lettres participe à plusieurs projets et programmes humanitaires destinés à ses compatriotes démunis d’Haïti, elle pourra mieux élaborer, en long et en large, au cour de cette longue entrevue à bâton rompu.
La polyglotte croit énormément à la richesse et aux potentialités de ses compatriotes de l’extérieur, elle est «…convaincue que la diaspora haïtienne redonnera au pays son image d’antan. Elle (ndlr : La diaspora) détient en mains les outils nécessaires pour l’édification d’une nouvelle Haïti. Elle (ndlr :La diaspora) dispose de professionnels capables d’apporter leur connaissance éclectique dans tous les domaines… »
En nous parlant dans cet entretien, vous sentirez qu’elle a du chien. Elle a dit tout haut ce que certains politiciens haïtiens n’osent même pas dire tout bas. Bonne patriote, la femme de lettre n’en revient pas des résultats catastrophiques obtenus par la présence de la Force Armée Multinationale qui se trouve en Haïti depuis 2004, après le départ du président Jean-Bertrand Aristide pour l’exil, en Afrique du Sud : «… La Minustah n’a plus sa place au pays. Son heure a sonnée. Qu’avons-nous recueilli de cette armée onusienne? Elle a travaillé contre les intérêts d’Haïti sans aucun agenda ».
Sur cette lancée, elle ne va pas par quatre chemins, en donnant sa position sur la Remobilisation et la Réhabilitation des Forces Armées d’ Haïti, orchestrée par le gouvernement Martelly/Conille: «… Je suis pour le retour de l’armée, mais une armée moderne et professionnelle qui répond aux besoins spécifiques du pays. Nous avons besoin d’une armée qui joue un rôle de développement à tous les niveaux et échelons. Nous n’avons pas besoin d’une armée calquée à l’européenne ou à l’américaine. Nous n’avons non plus besoin de bourreaux, mais de patriotes conscientisés capables de faire des forces armées une vraie institution… »
L’Infirmière pense que le «… changement s’effectuera à partir du moment que, chacun de nous prenne conscience qu’Haïti ne sera libérée que par les haïtiens eux-mêmes… » …Et de poursuivre, « …Mais quelque chose a besoin de changer: « notre mentalité ». Il nous faut du courage, une franche solidarité relever notre dignité et regagner notre souveraineté nationale… »
…Et pour couronner le tout, Madame Lafontant, une très forte personnalité, mère de famille, croit, sans démordre, que l’avenir prometteur de la première République Noire Indépendante du Monde appartient aux jeunes… : « …Le destin d’Haïti repose sur cette jeunesse et ne peut se faire qu’en Haïti… »
Jacquelyn Lafontant, INTERVIEW…
D.-Jacquely Lafontant, depuis quand avez-vous laisse Haïti et pour quels motifs?
JL.- J’ai laissé Haïti en été 1972 à l’âge
de l’adolescence sur les instances de ma famille qui résidait déjà en
outre-mer depuis les années 60. Ma famille se sentait déçue du système
en place. Donc, elle s’était donc décidée de laisser Haïti pour tenter
une vie meilleure, ailleurs. Ma mère s’est décrochée un contrat de
professeur au Canada et nous a fait chercher mes sœurs et moi, quelques
années plus tard.
D.- Pouvez-vous nous parler de vos activités professionnelles?
JL.- C’est un peu compliqué et bizarre.
Actuellement, je suis infirmière de profession académique et
professionnelle et je prépare un bachelier en sciences Infirmières. Je
tiens à exercer mes talents en soins curatifs et en même temps valoriser
l’importance de vie humaine et d’apporter du réconfort à ceux qui en
ont besoin, tout en essayant de ne pas être trop présomptueuse, je crois
que j’ai des aptitudes innées et des affinités inhérentes à ma personne
pour faciliter le bien-être physique et spirituel d’autrui.
Mon dessein
est d’élargir mes connaissances en soins infirmiers et me dédier à des
recherches basées sur l’effet curatif des plantes tropicales. Je détiens
aussi une maitrise en littérature comparée et les lettres modernes. Je
suis interprète-traductrice, éducatrice bilingue. je maitrise le
français, l’anglais, l’espagnol et le créole haïtien et j’ai une
connaissance approfondie de l’allemand et de l’italien.
D.-Quels pays avez-vous visite avant de vous établir définitivement aux Etats-Unis ?
JL.- Voyager c’est ma passion. Avant de
partir pour l’Europe, je résidais aux Etats-Unis et je m’amusais à
balader avec mes amies dans les iles de la caraïbe et dans divers pays
de l’Amérique latine et centrale.
D.- Quelle relation développez-vous avec la communauté haïtienne de l’hexagone?
JL.- J’essaie de maintenir un contact
serré avec mes compatriotes. Je tache de m’informer sur les dernières
actualités en ce qui a trait à l’éducation, la santé et plus précisément
les activités culturelles qui visent à introduire Haïti dans toutes ses
sphères. Beaucoup d’universitaires américains nés de parents haïtiens
organisent des fêtes et évènements divers en vue de sauvegarder la
culture et la tradition haïtienne à l’étranger.
D.- Qu’est-ce qui vous a captivé en territoire américain?
JL.- Ce qui m’a captivé en territoire américain c’est la
multitude d’opportunités offertes dans de divers domaines comme:
l’éducation, la santé, le génie, la technologie et autres professions de
cette société pluraliste pour améliorer ou réussir votre vie. La
liberté de la presse et de l’expression individuelle (quoique les
Etats-Unis sont places au 36eme rang et le canada au 12eme).
C’est l’unique pays au monde qu’on accorde tant d’enthousiasme à
l’émancipation de l’individu si vous vous montrez réellement intéresser,
déterminer et persuasif à la réalisation de vos perspectives.
C’est un pays d’avenir pour ceux qui
cherchent à combler leurs atouts et à réaliser leur potentiel. Je puis
affirmer sans exagération que c’est un territoire ou femmes, hommes et
enfants de tous âges et de tous horizons peuvent s’instruire, élargir
leurs connaissances, s’épanouir, retrouver un espoir , concilier leurs
différences et bâtir un monde meilleur. Chaque individu quelque soit ses
orientations peut acquérir de la compétence grâce à un
système d’éducation de niveau très varié. C’est un territoire ou des
choses incroyables peuvent se produire si toutefois l’on est déterminé à
profiter de tous les débouchés qui se croisent sur son chemin tout
en ayant la vigilance de ne pas vous laisser entrainer par les idées et
courants négatifs. C’est un pays d’entraide ou l’on ne se sent pas
isolé, si toutefois l’on aspire à quelque chose de positif.
J’ignore en réalité si l’on peut réussir à
partir de rien d’après le rêve américain, mais ce dont je suis sure,
l’on peut gravir les échelons à partir de ses propres efforts. Les
États-Unis ont fait de formidable progrès en termes de conscience morale
même si le racisme perdure. Beaucoup d’erreurs ont été commises dans le
passé, des erreurs irréparables contre d’autres peuples d’ethnies
différentes ; mais je puis affirmer sans hésitation aucune: peu importe
vos origines, vos mœurs et croyances toutes les opportunités vous sont
ouvertes pour atteindre ce rêve américain (American dream) dont on parle
assez souvent tout dépend de vos objectifs, persuasions et de vos
aptitudes.
Tous les peuples sont acceptés pour poursuivre le rêve
américain. C’est une culture de grande diversité ou cohabite une société
pluraliste et pluriethnique ou la tolérance s’exerce dans le plus grand
respect. C’est un pays qui essaie de respecter et d’appliquer la
constitution quoi qu’il existe encore certains écarts. Malgré certains
cas isolés flagrant d’intolérance. La liberté de religion est dument
protégée et encouragée par la loi. Ce qui est tout a fait contraire chez
nous ou nous avons du mal à tolérer et à accepter la croyance des
autres comme le prédit la constitution haïtienne. En un mot. le
territoire américain représente une terre d’opportunités pour tout un
chacun.
D.- Existe-t-il des associations pouvant défendre les intérêts des haïtiens la ou vous êtes, dans le Wisconsin?
JL.- Non, je n’en connais aucune. Je ne
suis pas informée d’aucune association ayant pour tache de défendre les
intérêts des haïtiens dans la ville de Milwaukee. Il y a très peu
d’haïtiens qui habitent l’Etat du Wisconsin. Je suis en pourparlers avec
des amis en vue de pouvoir actualiser une telle démarche au niveau
universitaire.
Néanmoins, à l’université de Wisconsin, je
puis affirmer qu’il y a des américains d’origine haïtienne qui
organisent de temps a autres des spectacles, des conférences sur
l’histoire d’Haïti, des colloques, des expositions d’art et de peinture
haïtiennes.
L’université a organisée tout récemment
une exposition de peintures haïtiennes. Après le séisme du 12 janvier
2010, j’ai été fort émue de constater l’empressement avec lequel les
habitants de Milwaukee faisaient des collectes de fonds pour Haïti.
Partout ou je m’y rendais, il y avait une boite de collecte de fonds où
les gens se donnaient de la peine à partager le malheur qui s’était
déferlé et abattu sur Haïti selon leur possibilité. Les églises
catholiques et protestantes répondirent à l’appel avec beaucoup de
spontanéité.
D.- Quelle relation développez-vous avec la communauté haïtienne de Milwaukee?
JL.- Il n’existe pas proprement dit une
communauté haïtienne à Milwaukee. Il y a très peu d’haïtiens qui
habitent l’Etat de Wisconsin, et ils vivent très éparpillés. Nos
compatriotes sont plus largement répandus a Chicago, dans l’Etat
d’Illinois et d’Indiana. Mais cependant, Haïti si petite qu’elle soit a
toujours fait écho a travers le monde soit à cause de son histoire de
jadis ou à cause de l’immense PAUVRETE à laquelle elle fait face
aujourd’hui.
Milwaukee, est la capitale américaine de
la bière. Elle doit cette spécialité à sa colonie allemande qui fonda
les premières brasseries au XIXème siècle. Haïti a des correspondances
très importantes et très étroites avec cette ville du ‘Mid –ouest’
américain. Le musée d’art à Milwaukee abrite une belle collection d’art
haïtien en vue de promouvoir la culture haïtienne.
Depuis bien avant le séisme de 2010,
plusieurs églises épiscopales dans diverses villes de l’Etat de
Wisconsin s’étaient unifiées sous le pseudonyme « Projet Haïti » pour
étendre et manifester leur compassion vis-vis du pays. « Projet-Haïti »
est un ministère de sensibilisation qui travaille en partenariat avec
plusieurs autres en vue d’améliorer la société haïtienne à travers
l’éducation et l’acquisition d’eau potable, santé et promouvoir les
nécessités humaines ayant pour objectif de promouvoir l’autosuffisance
et l’indépendance à travers leurs coopératives. « Projet-Haïti »
développe notre agriculture en cultivant du café haïtien appelé « Chant
de coq » qui soutient les agriculteurs haïtiens et les bénéfices
reviennent à Haïti pour les programmes de durabilité économique. Le jour
même du séisme, beaucoup de résidents du Wisconsin étaient déjà sur les
lieux et parmi eux se trouvaient des membres du diocèse épiscopal de
Milwaukee et un groupe d’étudiants en génie de l’Université de
Wisconsin.
Deux personnes venant du sud-est de Wisconsin sont
portées disparus en Haïti et une autre étudiante a été retrouvée vivant
dans une cage d’ascenseur dans l’hôtel Montana. Nous avons toute une
série d’organisations provenant de Milwaukee qui ont jetées les yeux sur
HAITI, telles que: les amis de la santé, paroisse gessu à Milwaukee
dans le jumelage avec l’église de st-Jude en Haïti, Notre-Dame de
Lourdes dans le jumelage avec Norwich-mission en Haïti. En un mot, la
ville de Milwaukee a pleinement participe à l’édification d’une
meilleure société et à la diminution de la pauvreté dans certaines
régions bien déterminées en Haïti et pour ceci nous remercions vivement
et avec gratitude les diocèses épiscopaux et catholiques qui ont
apportés leur soutien collaboration à Haïti.
D.- Quels liens entretenez-vous avec Haïti?
JL.- J’ai toujours été un fan des livres.
Je dois tout aux livres. C’est en eux et avec eux que j’ai fait pleine
connaissance avec ma terre natale. C’est aussi grâce à eux que j’ai
appris qu’il est possible d’immortaliser ceux qui me manquent
énormément. C’est aussi à travers eux que j’ai appris à connaitre mon
pays et à être haïtienne. Cependant, je me fais aussi le devoir de
m’informer sur les actualités courantes. Je maintiens des dialogues
serrés avec des amis ayant des intérêts communs et je participe à des
débats universitaires pour l’avènement d’une Haïti meilleure et… à la
hauteur de son histoire.
D.- sous quelles conditions aimeriez-vous retourner vivre définitivement en Haïti?
JL.- Une fois retournée, mon installation
serait définitive. Pour l’instant, je n’entrevois aucune possibilité de
retour, à moins que les haïtiens se réveillent et s’harmonisent, pour
restructurer leur pays. Il faut que tout un chacun de nous cesse de
penser à l’appui du gouvernement pour notre libération. Le changement
s’effectuera à partir du moment que, chacun de nous prenne conscience
qu’Haïti ne sera libérée que par les haïtiens eux-mêmes.
Il n’y aura pas de changement tant que
nous ne mettions pas de coté notre caractère égotique et de nous défaire
de cette démocratie occidentale qui nous a été imposée. Je sens mon
cœur qui se décline quand j’entends la dessalinienne. J’apprécie mon
pays et les mots me manquent pour montrer la vraie dimension de mes
sentiments. Mais quelque chose a besoin de changer: « notre mentalité ».
Il nous faut du courage, une franche solidarité relever notre dignité
et regagner notre souveraineté nationale.
D.- Quels sont vos espoirs pour la diaspora haïtienne?
JL.- La diaspora n’a jamais été appréciée
par la patrie-mère de peur quelle ne change le statu quo. Ainsi la
diaspora se sent frustrée et hésite à offrir une coopération totale à
son pays d’origine. Elle se sent délaissée par la dite constitution qui
lui refuse la double nationalité. J’ai grand espoir que la diaspora
relèvera le défit fait à notre pays en consolidant et resserrant les
maillons de la chaine d’union, mais elle a besoin de s’organiser. Elle a
besoin d’un leader visionnaire capable de les inciter à sortir du
doute, de la crainte et de l’épouvante. Elle œuvra a ressusciter notre
fierté si humiliée et de redresser notre économie nationale si
démantelée.
Je suis convaincue que la diaspora
haïtienne redonnera au pays son image d’antan. Elle détient en mains les
outils nécessaires pour l’édification d’une nouvelle Haïti. Elle
dispose de professionnels capables d’apporter leur connaissance
éclectique dans tous les domaines: éducation, santé, agriculture,
ingénierie, technologie, etc… Tous ceux qui pouvaient contribuer à
l’ascension du pays ont mis leur connaissance au service de l’Etranger.
Haïti a connu une fuite de cerveaux à partir des années 60, il est
impératif que les haïtiens retournent au pays, en vue d’apporter leur
avoir et leur savoir pour la restructuration du pays.
D.- Que pensez-vous de la présence de la Minustah en Haïti?
JL.- La Minustah pour quoi faire? C’est la
diaspora haïtienne qui paie ses taxes aux Etats-Unis finance le budget
total de la MINUSTAH. La Minustah n’a plus sa place au pays. Son heure a
sonnée. Qu’avons-nous recueilli de cette armée onusienne? Une force
étrangère rétribuée par l’Etat haïtien qui mène une belle vie, tandis
que les haïtiens au pays mènent une vie de chien. Notre malheur c’est
que nous optons toujours au détriment de nos propres intérêts. Comment
concevons-nous la présence d’une armée ETRANGERE sur notre territoire,
pour sauvegarder le patrimoine national, maintenir l’ordre et établir la
sécurité. En plus, le personnel de la Minustah n’a aucun agenda valable
pour le développement du pays. Elle a travaillé contre les intérêts
d’Haïti sans aucun agenda.
Il incombait au gouvernement haïtien de
dresser les grandes lignes d’un travail de développement à cette armée
onusienne. La présence de ces soldats a abouti au négatif. Courtiser nos
femmes, nous apporter des fléaux et nous infliger de la détresse furent
leur principal dessein.
D.- Par conséquent, devrait-on remobiliser et réhabiliter les forces armées d’Haïti (FAD’H)?
JL.- Oui !!! Je suis pour le retour de
l’armée mais une armée moderne et professionnelle qui répond aux besoins
spécifiques du pays. Nous avons besoin d’une armée qui joue un rôle de
développement à tous les niveaux et échelons. Nous n’avons pas besoin
d’une armée calquée à l’européenne ou à l’américaine. Nous n’avons non
plus besoin de bourreaux, mais de patriotes conscientisés capables de
faire des forces armées une vraie institution. Une armée éducatrice et
coordinatrice qui travaillera de pair avec les différentes institutions
(agriculture, santé, éducation, technologie, etc)… pour l’apogée de
notre pays. Une armée capable de casser ce cycle de la violence qui
empêche tout investissement venant de l’extérieur. Une armée capable de
former de nouveaux cadres en mettant leur expertise professionnelle au
service de leur pays. Plus de pédantisme. Plus de terreur.
D.- Votre vie est-elle une réussite? Autrement dit, avez-vous réalisé le rêve de votre vie?
JL.- Réaliser le rêve de ma vie ? Comment?
Mon pays est représenté comme le pays le plus pauvre du monde. Le tout
ce n’est pas d’avoir des satisfactions personnelles, d’accrocher de
beaux diplômes au mur, mais d’avoir une vision patriotique pour son
pays. Mes objectifs pour mon pays ne sont pas comblés.
Comment peut-on être satisfaite si son
pays est sous la dépendance d’autrui? La vie de mes compatriotes est
menacée par la faim, la soif, les problèmes de l’habitat et de nouveaux
cataclysmes nous tombent dessus. L’haïtien n’est plus maitre de chez
lui. Ce sont les diktats de l’étranger qui gouvernent et pire, ils ne
répondent et ne s’adaptent même pas… …même à nos réels besoins.
Aujourd’hui, nous devrions être un rôle mode pour tant d’autres pays et
plus précisément les pays de l’Afrique; tout au contraire nous avons
perdu notre fierté, dignité et notre souveraineté nationale. Mon pays
n’est plus un pays producteur, mais plutôt un pays mendiant portant son «
Kwi » par-ci et par-là et où la corruption semble s’installer à tous
les niveaux, régnant en maitresse.
Comment être satisfaite, si mon pays est
reconnu partout comme un pays qui produit de la mauvaise herbe et qui a
perdu son autonomie. Jadis, Haïti était considérée comme un havre de
paix. Aujourd’hui. Elle ne représente qu’une jungle, ou un afflux de
gens venus de partout viennent réclamer leur morceau, ou défendre leurs
intérêts sous prétexte de nous aider.
Comment me sentir satisfaite pendant que
mon pays endure les pires vilenies et péripéties, où mes semblables sont
exposés à l’insalubrité des tentes, victimes de cholera, ‘tent babies’,
corruption, appauvrissement, insécurité. C’est avec le cœur brisé que
je regarde des fillettes et des garçonnets exposant leur nudité dans une
atmosphère aussi fragile. C’est tout comme la mendicité fait partie
intégrante de leur vie. Les enfants courent dans les rues dont les yeux
renferment un monde auquel il n’y a pas d’issues et où la bêtise humaine
les forces à marcher les pieds nus et la faim les amène à fouiller
parmi les rebus. C’est avec beaucoup d’amertumes que l’on voit grandir
des jeunes sans espoir et sans avenir au risque de se livrer au naufrage
à la mer à la recherche d’un lendemain plus prometteur.
Je ne vois pas comment me sentirai-je
satisfaite et accomplie si le peuple de mon pays vit dans un état
déshumanisé, crasseux, immonde, poisseux et miséreux. Malgré toutes mes
années en terre étrangère, je suis née haïtienne, je resterai haïtienne
dans mes mœurs et pensées, je maintiendrai et garderai à jamais une âme
haïtienne. Et malgré tout, je suis fière d’être haïtienne dans l’espoir
que Haïti regagnera sa fierté de jadis.
D.- Quels sont vos espoirs pour la jeunesse haïtienne?
JL.- Pour moi, la jeunesse haïtienne a trois grands obstacles:
1. le manque d’encadrement,
2. l’exode vers l’étranger,
3. le refus d’associer la diaspora dans le développement du pays qui serait un avantage pour la jeunesse locale.
Sans une jeunesse épanouie, le pays fait
face a un avenir boiteux provoqué par une rupture socio-économique et
politique du pays. Les jeunes haïtiens manquent d’espoir et de
perspectives face à un manque d’encadrement, une misère omniprésente qui
les force à se tourner vers l’extérieur afin d’aspirer à une
vie meilleure à n’importe quel prix (the boat people). Il devient
impératif que cette jeunesse exprime ses aspirations à travers de
nouvelles expressions artistiques culturelles et sociales. C’est au
gouvernement d’intégrer une perspective »jeune » dans ses analyses afin
que cette jeunesse s’arme de l’habilitation de se défendre de critiquer
et d’évaluer.
Cette jeunesse a besoin de prendre conscience de ses
potentialités en termes de développement, de trouver des solutions pour
faire face aux défis de scolarisation, d’éducation, de formation
professionnelle, mais aussi de santé et de développement économique et
sociale. Elle a besoin de relever le défi et tout un chacun doit s’y
mettre en termes de créativité et d’esprit d’innovation à travers une
gouvernance démocratique proprement dite. La jeunesse haïtienne doit se
rendre compte qu’elle est l’accélération de l’histoire et qu’elle doit
se libérer du passé colonial, de reprendre conscience du rôle que Haïti
peut jouir dans le concert des nations. En ce sens, il faut
entrainer les jeunes à devenir avant tout des citoyens et des leaders
créateurs et innovateurs capables de transformer la société haïtienne
dans une solidarité fondée sur la viabilité des idées et le
professionnalisme de la démocratie et du civisme. Elle doit assumer un
rôle de catalyseur dans le domaine du développement et se convertir en
de vrais patriotes et des agents de développement à part entière.
Le destin d’Haïti repose sur cette
jeunesse et ne peut se faire qu’en Haïti. Notre vrai ennemi ce n’est pas
les autre pays mais bien ceux qui nous entrainent dans les dédales de
leur cécité, corruption.
Il faut que cette jeunesse se décide à se
battre contre tous ceux qui veulent freiner leur désir d’émancipation et
d’étouffer leur élan de liberté. Autrement le devenir d’Haïti est
languissant, déclinant et sombre.
Propos recueillis par Andy Limontas pour DIASPORAMA une Production CANAL+HAITI
Written by:canalplushaiti
Written on:mars 6, 2012
Crédit: CANAL+HAÏTI
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