mardi 22 janvier 2013

Interview exclusive de Lucie Tondreau, leader communautaire incontournable en Floride.

Tous ceux qui luttent pour l’amélioration du mode de vie haïtien tant en Haïti qu’à l’étranger, devraient rencontrer Madame Lucie Tondreau qui s’est fait un nom, en défendant, de façon magistrale et spontanée, les droits des haïtiens et haïtiennes  vivant aux États-Unis, plus spécialement ses compatriotes évoluant dans l’état de la Floride.

Originaire de «La Vallée-de-Jacmel» (Département du Sud-est), madame Tondreau laissa Haïti malgré elle, alors qu’elle était une fillette, en 1967. 

 Son père passa six mois, pour des raisons ‘politiques’ à la prison-musée du régime des Duvalier, «Fort-Dimanche» (La Saline). Quelques temps plus tard, elle et  sa famille s’exilèrent au Canada. Elle n’a pas la mémoire courte, « … je n’oublierai jamais le soir ou un camion de tontons macoutes a investi notre maison pour arrêter mon père. Il travaillait à Damien et avait été arrêté en même temps que Georges Eustache. On les avait accusé de propager les documents d’un livre intitule « Radiographie d’une dictature… »

Après avoir fait de brillantes études à Montréal et New-York, Lucie Tondreau s’installa à Miami en 1986. Sa rencontre avec feu le Révérend père Gérard Jean-Juste allait complètement changer sa vie au niveau de sa conception des droits humains, «…défendre des réfugiés à l’époque qui arrivaient par centaines  tous les jours. La réception et les injustices subies par nos compatriotes par rapport aux cubains étaient criantes. J’ai travaillé aux côtés du Père Gérard Jean Juste pour encadrer nos compatriotes…»

Dans cet entretien exclusif, La militante nous parlera de ses bons et mauvais souvenirs de son pays d’origine, de sa position par rapport à la réhabilitation d’une force armée militaire haïtienne en Haïti,…et surtout elle n’y va pas avec le dos de la cuillère, en parlant de l’ immixtion de l’armée Onusienne en Haïti, «…La présence de la Minustah n’aide pas au développement ni à la sécurité de notre pays. Au contraire. Tout comme moi vous avez entendu les histoires morbides de la Minustah en Haïti vis-à-vis de nos jeunes. Jusqu’ici il reste encore à prouver combien de pays occupé a fait un pas vers l’avant… »

Femme de médias, madame Lucie Tondreau parle sans ambages à «DIASPORAMA»…

…ENTRETIEN…
Madame Lucie Tondreau, depuis quand avez-vous laissé Haïti?

Mes Parents ont laissé Haïti en 1967 pour le Canada.


 Pour quels motifs avez-vous laissé Haïti ?

Mon père a passé 6 mois au Fort Dimanche à l’époque de Papa Doc pour des raisons politiques.


Dans quelle(s) condition(s) avez-vous laissé votre pays ?

J’étais encore enfant et ne comprenais pas trop bien ce qui arrivait. Cependant je n’oublierai jamais le soir ou un camion de tontons macoutes a investi notre maison pour arrêter mon père. Il travaillait à Damien et avait été arrêté en même temps que Georges Eustache. On les avait accusé de propager les documents d’un livre intitule « Radiographie d’une dictature ».


 Pouvez-vous nous parler de vos activités professionnelles ou universitaires?

Mes études élémentaires, secondaires, collégiales et universitaires ont eu lieu à Montréal. J’ai continuée en Floride.


 Quels pays avez-vous visité avant de vous établir définitivement aux Usa?

Tout d’abord le Canada, un peu plus tard la Cote d’Ivoire et plusieurs pays de la Caraïbes recherchant Haïti. J’ai fait le va et vient entre Montréal et New-York pendant plusieurs années puisque que ma mère s’y était établie.


 Quelle relation développez-vous avec  la communauté haïtienne de Miami?
 
En 1986, je me suis établie à Miami dans le but de militer pour la défense des réfugiés a l’époque qui arrivaient par centaines  tous les jours. La réception et les injustices subies par nos compatriotes par rapport aux cubains étaient criantes. J’ai travaillé aux côtés du Père Gérard Jean Juste pour encadrer nos compatriotes.


 Existe-t-il des associations pouvant défendre les intérêts des haïtiens là où vous êtes ?

Il en existe plusieurs, parmi lesquelles  la « Haitian American Grassroots Coalition », Veye-Yo, Fanm Ayisyen nan Miyami, Sant La, Center for haitian Studies, pour n’en citer que celles-là.


 Qu’est-ce que vous appréciez chez les américains et que vous aimeriez retrouver  chez les haïtiens?

Le Patriotisme des Américains. Dès qu’il s’agit des intérêts des américains, il n’existe pas d’appartenance politique, ils voient pays avant tout.
L’état de droit qui existe ici aux USA que nous ne voyons pas en Haïti.
La transparence dans  l’Etat haïtien, ici les contribuables peuvent questionner et voir ou va l’argent de leurs impôts.
Le respect de l’environnement.
Le droit de tout un chacun de vivre en paix.


 Quels genres de difficultés rencontrez-vous aux États-Unis ?

La bataille sans fin de notre communauté face à un système qui ne fait cadeau à personne. Quand il ne s’agit pas de l’immigration, c’est la reconnaissance de nos jeunes Haïtiens au niveau scolaire, etc… Des qu’Haïti présente une mauvaise image cela reflète dans la façon dont  les étrangers nous traitent.


 En ce moment, comment sont vos rapports avec « Haïti-Chérie » ? 

Assez étroits. J’évolue dans une communauté ou les haïtiens vivent de politique ou tout fonctionne à partir de ce qui se passe en Haïti. Je n’ai pas vraiment le choix. Mais mon attachement avec Haïti est inébranlable. Comme on dit : … «Quand Haïti éternue, j’ai la grippe ». La lutte pour l’amendement constitutionnelle pour la reconnaissance de la multiple-citoyenneté afin que les gens qui vivent ici puissent apporter leur connaissance et expérience vers le développement d’Haïti.


   Aimeriez-vous retourner vivre définitivement en Haïti ? Si oui, sous quelles conditions ?

Mon rêve le plus cher est de vivre dans mon pays. Il y a tellement à faire, tellement à donner, tellement à expérimenter en Haïti, je pense qu’Haïti est l’un des plus beau pays sur terre.


 Parlez-nous de vos bons et mauvais souvenirs d’Haïti ?

Mon premier voyage en Haïti en tant que journaliste était pour couvrir les élections du 29 Novembre 1987 l’expérience n’était pas bonne du tout. J’ai vue et entendu et encore cela ne m’a pas empêché d’y retourner. Je rentre pratiquement  tous les 3 mois en Haïti  pour des raisons professionnelles et j’en profite pour faire du tourisme local.


Quels sont vos espoirs pour la jeunesse haïtienne  d’Haïti?

Quand je regarde l’évolution de la situation qui sévit actuellement en Haïti, je m’inquiète sincèrement pour la jeunesse grandissante. Les valeurs d’antan n’existent plus, les jeunes s’américanisent de plus en plus en oubliant ce que nous représentons en tant que peuple. C’est pour cela qu’à chaque fois nous remontons à l’histoire. Nous évoquons encore Dessalines, Louverture, et cela remonte à plus de 200 ans. Au niveau ’histoire’ nous n’avons pas grand ’chose à montrer à part notre héroïque Indépendance de 1804.


Que pensez-vous de la présence de la Minustah en Haïti ?

Je pense qu’Haïti en tant que pays souverain ne devrait en aucun cas être sous ’égide  d’autres pays. La présence de la Minustah n’aide pas au développement ni à la sécurité de notre pays. Au contraire. Tout comme moi vous avez entendu les histoires morbides de la Minustah en Haïti vis-à-vis de nos jeunes. Jusqu’ici il reste encore à prouver combien de pays occupé a fait un pas vers l’avant. La Minustah n’est pas la réponse pour nous.

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Devrait-on remobiliser et réhabiliter les FAD’H ? Pourquoi?

Je ne vois pas en quoi une armée aiderait la situation actuelle de notre pays. On parle souvent de la frontière que nous partageons avec la Dominicanie, même si nous avons une armée nous n’arriverons pas à l’effectif de l’armée  Dominicaine, ni n’avons les moyens pour soutenir une armée. Renforcer la police nationale, créer une garde forestière,  etc… Répondraient plus à nos besoins actuels. Les jeunes peuvent toujours être utilises avec un bon training en cas de désastre écologique, telles que tremblement de terre, cyclone ou autres.


 Les haïtiens devraient-ils rester indéfiniment sous la coupe de la communauté Internationale.
 
 Notre plus grand drame est cette mentalité de mendicité dont nous sommes actuellement. Il faut aussi comprendre que lorsque l’internationale contrôle notre budget, il contrôle aussi notre façon de vivre, de penser et même d’agir. Nous regardons avec peine, la façon dont les communautés dirigent notre pays tout en s’enrichissant, c’est vraiment dommage. Si nous établissons un état de droit ou les citoyens deviennent responsables, on pourra sans aide internationale regagner notre Indépendance.


Lucie Tondreau, avez-vous réalisé le rêve de votre vie ? 

 Pas encore, a part des succès personnels je pense que le plus grand rêve reste de voir un jour Haïti a un autre niveau. Ou les citoyens n’auront pas à prendre des risques pour quitter le pays et mourir en mer ; la fin de l’humiliation de mon peuple à travers le monde que l’on considère comme des parias. Enfin l’éducation de tout un chacun pour que nous cessions de toujours trouver les mêmes excuses à savoir « j’ai oublié mes lunettes,  je ne peux écrire ». Enfin avoir une classe possédante responsable qui contribue au développement du pays au lieu de s’enrichir et investir dans d’autres pays. Ici aux États-Unis c’est la bourgeoisie qui construit écoles et Universités, hôpitaux. On voit partout la classe possédante non seulement est responsable pour payer son impôt, mais aussi elle a ce sentiment d’appartenance de l’endroit où elle vit et ne regarde pas son pays comme un endroit on l’on fait escale. Avoir de vrais hommes politiques qui ont les intérêts du pays  a cœur au lieu de leurs intérêts personnels. En fait une Haïti comme autrefois ,je crois du temps où vivait mon père  il faisait bon d’y vivre.


 Madame Tondreau… un dernier message…?

Malgré tous les problèmes que nous confrontons aujourd’hui, je reste confiante qu’un jour Haïti changera. J’espère tout simplement que je pourrai apporter mon grain de sel à ce changement. Le peuple Haïtien à une responsabilité morale envers divers pays à qui il a donné le ton contre l’esclavage et a pu défier une puissance à un moment ou encore on prenait les noirs pour des sauvages. Le monde a les yeux braqués sur nous et nous avons un défi à relever en tant que peuple, en tant que première nation nègre à être Indépendante, et surtout en tant que petits-enfants de nos ancêtres qui ont participé à changer l’histoire des noirs…

Madame Lucie Tondreau, « Diasporama » et «CANAL+HAÏTI » vous remercient pour  votre support dans le cadre du Mouvement de la Reconstruction d’Haïti, de la liberté d’expression et de la liberté de la presse. 

DIASPORAMA est un vibrant hommage rendu à la courageuse Communauté Haïtienne vivant à l’étranger pour son support infatigable, agissant et indéfectible aux compatriotes de l’Alma Mater pour un avenir meilleur.
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DIASPORAMA, comme son nom l’indique, est une tribune panoramique mise, essentiellement,  à la disposition des haïtiens et haïtiennes qui vivent à travers le monde, par CANAL+HAITI,  afin de mieux se connaître et se faire connaître, mieux connaître leur pays d’origine, mieux comprendre le milieu ambiant, pour se faire comprendre de part et d’autre et servir de boussole à ceux et celles du terroir.

Cette chronique (DIASPORAMA) se propose d’être la passerelle entre les Haïtiens de l’intérieur et ceux de l’extérieur. Ensemble, nous allons donner un sens beaucoup plus constructif et positif à la thématique. Diaspora, nous avons besoin d’un « Heads Together » pour le bien de notre Nation.  

Aimeriez-vous faire passer vos idées à travers « Diasporama » ? Envoyer vos textes ou réclamer le questionnaire/diasporama par l’email (Courriel) suivant :

canalplushaiti@yahoo.fr






Propos recueillis par Andy Limontas pour la chronique «DIASPORAMA »   du site CANAL+HAÏTI


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Written on:avril 1, 2012

Crédit: CANAL+HAÏTI
Tous droits réservés Copyright@2012

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